Aujourd’hui, c’est au tour de Clothilde, 40 ans, 2 enfants, cadre dans une administration territoriale en province, de donner de ses nouvelles dans le cadre de la rubrique Parcours au fil du temps. Un grand merci à elle pour sa confiance ! Clothilde avait témoigné autour de la conciliation vie privée / vie pro en novembre 2009.
Depuis ton dernier témoignage il y a un peu plus de 3 ans comment ta situation personnelle et professionnelle a-t-elle évolué ?
Lors de mon dernier témoignage, je venais de choisir un nouveau boulot, à 20 mn de chez moi, avec un chef intéressant et je finissais le projet de gîte avec mon mari.
Et depuis ?
Un gros big bang. Tout d’abord, j’ai passé certainement pour la dernière fois, le concours d’administrateur territorial. J’ai encore une fois été admissible à l’écrit et je me suis encore une fois faite étendre à l’oral, de quelques petits points. J’ai eu les résultats en mars, en juin, ma vie allait prendre un tournant pas si étonnant que cela pour moi, mais davantage pour mon entourage. Je quittais mon mari, je mettais fin à un simulacre de vie de couple. Je redevenais le pilote de ma vie.
Pourquoi est-ce que je relie tout cela, le concours, le boulot. En fait, quand je suis allée passer l’oral à Paris, j’ai été confrontée à beaucoup de mes potentiels collègues qui portaient leur vie professionnelle aux nues. Nous étions peu à avoir une autre recherche ailleurs, plus personnelle, plus familiale. J’ai aussi compris que de m’étourdir dans les études à un âge assez avancé, c’était oublier la vie à la maison qui ne ressemblait pas à ce que je souhaitais. En redescendant de Paris, dans le TGV, alors que le Raïs en Egypte venait de tomber, j’ai compris que d’avoir un concours de plus ne donnerait pas plus de sens à ma vie. Il fallait autre chose.
Si je n’avais pas l’oral c’est aussi parce que j’avais perdu dans une vie de couple annihilante toute capacité à avoir confiance en moi, en mes capacités, en mon « demain ».
Quelque chose s’est scellé dans ces 5 heures de train.
Puis, tout est allé très vite et c’est là que le travail est devenu primordial. Plongée dans une dépression carabinée, parce qu’être celle qui part n’est pas forcément une place enviable, j’ai eu le travail pour me tenir. Je me suis arrêtée 1 semaine, puis j’ai repris, vite. On m’a confiée la chance de ma vie, un gros dossier sur le Canal du Midi, je m’y suis jetée pour compenser une vie idéale qui volait en éclat. Le boulot est devenu ma raison d’être et en même temps, le seul endroit où je me faisais confiance, où je n’avais pas peur d’avancer.
En un an, j’étais divorcée avec la garde de mes enfants.
Et le gîte ? Comme pour les enfants, c’est notre troisième bébé, alors on a décidé de le co-gérer, parce que je ne pouvais pas imaginer de le perdre.
Ton équilibre vie pro / vie perso a-t-il été modifié ? En quoi ? Est-ce plutôt mieux ou plutôt moins bien ? Pourquoi ?
Oui, mon équilibre vie pro/vie privée a été très déséquilibré parce que c’était nécessaire dans la période de turbulences que j’ai traversée. Je devais avoir ce pis aller. Et la montée en charge de mes projets est arrivée à point nommé. Cela m’a decentrée et ça m’a permis, je pense de faire un « divorce propre » comme je dis. C’est à dire ne pas céder à la rancoeur, à l’aigreur. Ne pas être dans une vengeance mais juste dans une recherche de fin élégante, ce que je suis parvenue à faire.
Par contre, maintenant, je dois travailler à rééquilibrer dans l’autre sens. Car le boulot est très chronophage et m’occupe aussi beaucoup l’esprit. J’ai à nouveau envie d’une vie personnelle et amoureuse !
Et d’ici 1 ou 2 ans, comment te projettes-tu ? Quelle articulation vie privée / vie pro souhaiterais-tu atteindre ? As-tu des projets précis (pros et/ou persos) ?
Mes projets sont de continuer sur ma lancée. De retrouver une vie personnelle, avec mes enfants, mais aussi une vie de femme ! Peut être que je retenterai le concours mais cette fois-ci pour moi ! Que pour moi.
Un dernier petit mot…
Un divorce, c’est une épreuve mais il faut parfois avoir le courage de dire stop. Au fond de la dépression, j’ai cru que je ne relèverais jamais la tête, je suis passée par des moments de solitude intérieure terrifiants. Et je ne croyais pas ceux qui me disaient qu’un jour cela irait mieux. C’est pourtant vrai. On essaie une fois d’arrêter les médicaments puis deux fois, et un jour on y parvient. Dans ce monde là, de la torpeur, les collègues sont aussi importants que les amis. Parce qu’ils parlent à une autre personne, ils vous obligent à regarder votre travail et pas votre « moi », ils vous obligent à assurer, à avancer, même si c’est dur.
Et le blog dans tout ca ? Je l’ai arrêté quand j’ai su que lui aussi avait fini de m’accompagner vers ma liberté. Je pouvais vivre mes désirs, mes envies, mes peurs au grand jour sans pseudo. Je suis sur FB, c’est mon nouveau blog, vrai, comme ma vie.