Portraits de femmes

Entretien avec Amélie, créatrice de Bonjourbonsoir.fr




Amélie Van den Broucke, 32 ans, a créé il y a deux ans bonjourbonsoir.fr, une marque de « petits vêtements chics pour le jour et la nuit ». Un style classique mais pas trop et des détails raffinés (boutons, broderies…). Personnellement, je craque complètement pour ses pyjamas, réalisés dans de très jolis cotons aux couleurs douces et aux coupes impeccables. Bref, un vrai coup de coeur ! J’ai voulu en savoir plus sur elle, son parcours professionnel, sa petite entreprise, ses projets et la façon dont elle concilie vie privée et vie professionnelle.

Quel est votre parcours professionnel ?

Amélie : Ma passion pour les tissus et la couture remonte à loin. Enfant, j’avais une tante qui nous apportait régulièrement des tissus d’ameublement et sur lesquels je me précipitais pour bricoler et créer des pièces. Adolescente, j’ai réalisé mes propres vêtements. J’ai passé un bac technologique option textile et un BTS modélisme. Cette formation technique m’est très utile aujourd’hui. Elle me permet de suivre tout le processus de fabrication. Ensuite, j’ai travaillé quelques années à Paris pour plusieurs sociétés de couture et de stylisme en CDD. Puis j’ai eu mes enfants (une fille et un garçon, actuellement âgés de 7 et 5 ans). Mon mari et moi sommes ensuite partis nous installer à la Baule (région d’où je suis originaire). Au niveau emploi, il n’y avait rien pour moi. Or l’idée de créer mon entreprise me trottait dans la tête depuis longtemps. Au départ, j’ai créé des pyjamas pour enfants puis j’ai étendu mon offre à des vêtements de jour.

Pouvez-vous nous raconter vos débuts de créatrice d’entreprise ?

Amélie : J’ai dessiné mes premiers modèles puis j’ai réfléchi à la façon dont j’allais les vendre. J’ai effectué quelques ventes privées au départ. C’est en allant voir le site mes-habits-cheris.com que l’idée d’une boutique en ligne m’est venue. Parallèlement, je me suis renseignée pour avoir des aides financières mais comme je ne m’étais pas inscrite au chômage, je n’avais le droit à rien ! Je me suis donc lancée d’un coup, avec l’aide de mon mari, d’un webmaster et d’un comptable, mais sans accompagnement spécifique ni réseau particulier.

Pour la fabrication de mes produits, j’ai fait une première tentative en Inde mais j’ai tout annulé car le rendu et la qualité des prototypes et des pré-modèles ne me satisfaisaient pas du tout. J’ai eu l’occasion de rencontrer François Bourget (frère de Jean Bourget, créateur de la marque de vêtements du même nom) qui m’a conseillé de travailler avec la Tunisie. En me renseignant sur Internet, j’ai repéré 4 entreprises. J’ai reçu 4 prototypes, tous parfaits ! Je me suis alors rendue sur place pour les rencontrer. Le choix n’a pas été facile mais le courant est très bien passé avec une fabricante qui dirige un atelier d’une trentaine de personnes. Elle fait du beau travail et comprend très bien ce que je fais. De plus, j’aime bien l’ambiance qui y règne, certes cela reste du travail à la chaîne mais les couturières travaillent en musique, font une vraie pause déjeuner toutes ensemble et terminent à 17h. C’est important pour moi que mes vêtements soient fabriquées dans de bonnes conditions.



Comment vendez-vous vos produits ? Avez-vous un budget communication et/ou promotion ?

Amélie : Actuellement, le site internet représente environ 40% de mes ventes mais constitue un axe de dévelopement fort pour moi. D’autre part, il y a un an et demi, j’ai ouvert une boutique à la Baule1 qui représente 60% de mon CA (surtout les mois d’été). C’était important d’avoir un contact avec ma clientèle et de pouvoir présenter mes produits physiquement. Sur Internet, même si on peut faire de très belles photos, il est difficile de rendre compte de tous les détails et de la qualité des tissus. Ma boutique est ouverte les week-ends et durant les vacances scolaires.

Au début, j’ai acheté quelques mots clés sur Google mais cela coûte très cher. Concernant le référencement de mon site, j’ai bénéficié de conseils de mon webmaster et d’une amie qui travaille dans ce domaine. Je suis contente car bonjourbonsoir est plutôt bien placé pour « pyjamas enfants » ou même « vêtements enfants ».

J’ai également obtenu quelques articles dans la presse mais je n’ai pas vraiment eu l’impression que les ventes bondissaient. Donc pour le moment, ce n’est pas ma priorité. Il y a déjà tellement de choses à faire ! Sinon, j’ai la satisfaction d’avoir beaucoup de clientes fidèles. Cela fait plaisir ! J’envisage également de mettre au point un système de parrainage. Par ailleurs, je viens de participer au salon Playtime à Paris où j’ai eu de bons contacts pour être vendue dans des boutiques, dont une au Danemark, et avec des grands magasins à Paris.

Quelle est la principale difficulté que vous avez rencontrée dans votre parcours d’entrepreneuse ?

J’aurais aimée être plus soutenue par les banques (et aujourd’hui encore!). J’ai obtenu deux prêts mais d’un montant inférieur à ce que j’avais demandé. Je suis donc obligée de me « brider » un peu alors que je pense que si elles m’avaient fait davantage confiance, j’aurais pu développer plus rapidement mon entreprise.

Actuellement, on ne peut pas encore dire que je gagne vraiment ma vie avec bonjourbonsoir. Comme pour tout créateur, les débuts sont un peu difficiles, mais je suis confiante. L’année 2008 est déjà meilleure et 2009 le sera encore plus, j’espère !

Comment conciliez-vous vie familiale et votre statut d’entrepreneuse ?

Mes enfants vont à l’école, j’ai une nounou deux fois par semaine jusqu’à 19h30. Le mercredi, je le réserve à mes enfants en restant à la maison. Même si cela ne m’empêche pas de passer quelques coups de fil, d’envoyer des mails et de préparer quelques commandes. Parfois, il m’arrive de retravailler le soir, une fois les enfants couchés.

Le week-end, quand je suis dans ma boutique, c’est mon mari qui s’occupe des enfants (4 en tout puisque mon mari a 2 autres grands enfants) ou ma mère. Pendant les vacances scolaires, c’est plus difficile !

Globalement, je suis quelqu’un d’organisée et j’ai l’impression de bien gèrer les deux. Mes enfants sont assez autonomes et je pense que c’est bien de ne pas toujours s’occuper d’eux et de les laisser développer leur imagination. Je serais même prête à faire un petit 3ème !

J’apprécie de concilier les deux. En tout cas, j’ai beaucoup de mal à comprendre les mamans de deux enfants qui se disent débordées alors qu’elles ne travaillent pas….

Quelquefois bien sûr, je regrette le statut de salariée : pour toucher un salaire à la fin du mois, avoir mes week-ends libres… mais je suis consciente que maintenant je serais très exigeante dans le choix d’un employeur. Alors qu’en dirigeant ma propre entreprise, je contrôle tout et je fais des produits que j’aime vraiment.

Quels sont vos projets ?

J’aimerai bien ouvrir une boutique à Paris. Concernant la collection garçons jour, après quelques tâtonnements, j’envisage de lancer une gamme de tee-shirts avec des dessins d’enfants. Enfin, je réfléchis à créer une SARL pour pouvoir attirer des actionnaires, notamment des personnes assujetties à l’ISF et qui pourraient investir dans ma société2.

1. Bonjour Bonsoir, 121 av du Général de Gaulle, 44500 La Baule Escoublac

2. Cette mesure de la loi TEPA permet de convertir à hauteur de 50.000 euros par an les sommes dues au titre de l’ISF en investissement dans des PME.


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