Nouveau mot pour notre dictionnaire collaboratif de la conciliation vie privée / vie pro grâce à Cécile :
M comme Mentalité
La première chose qui m’est venue à l’esprit quand j’ai proposé le mot « mentalité » pour le dico de la coniliation, c’est « il faut faire changer les mentalités »…
« Mais qu’est ce que j’entends par là », me suis-je demandé ?
Définir le mot mentalité
Revenons ainsi à ce mot, mentalité. Sa définition est : « façon de penser », « comportement moral »… Ouah, c’est du lourd donc !
Le constat au quotidien
En effet, si on observe autour de soi, on remarque que des schémas sont mis en place, de manière totalement inconsciente souvent, parce que nous reproduisons ce que nous avons appris, car nos mentalités ont été façonnées ainsi depuis la petite enfance et dans chaque strate de la société.
Et chacun reproduit ce qu’il a lui-même appris etc. Des études ont montré que :
– Avant la naissance les parents ont déjà des attentes différentes selon que le bébé est né fille ou garçon,
– Dés la naissance, les garçons et les filles ne sont pas non plus traités de la même façon : si une fille veut commander, parmi d’autres enfants on va dire d’elle qu’elle est « bossy », alors qu’on ne dit pas cela d’un garçon parce que cela parait normal de commander pour un garçon,
– Les parents tendent à parler plus aux filles qu’aux garçons,
– Les mères surestiment les capacités à marcher à 4 pattes de leurs fils et sous estiment celle de leur fille,
– Etc.
Et après, on constate que :
– Les femmes continuent d’assumer 80% des tâches domestiques,
– Le taux de féminisation des conseils d’administration du Cac 40 n’est que de 22.3 % en 2012,
– Les femmes représentent 99,2% des assistants maternels et 98,0% des secrétaires,
– Les femmes sont 5 fois plus que les hommes citées sans leur nom ou désignées que par leur prénom,
– Les femmes son représentées 3 fois plus souvent que les hommes dans leurs relations familiales dans les médias,
– Etc.
Je continue ?
Le lien avec la conciliation vie perso-vie pro
Il faut donc changer nos façons de penser, nos comportements moraux…nos mentalités, donc, pour améliorer les possibilités de conciliation vie personnelle-vie professionnelle. Il faut faire évoluer, voire « casser » les stéréotypes, faire bouger les lignes de l’égalité homme-femme, de la répartition des rôles….
La difficulté, c’est que personne n’est vraiment capable de dire si la mentalité (ou les comportements moraux donc) est de l’ordre de l’inné ou de l’acquis. Donc ne sait vraiment comment agir. Ainsi, selon le biologiste Pierre-Henri Goyuon, « la variation que j’observe dans une population, c’est la somme des effets de l’environnement (acquis donc) plus des effets des gènes (inné). Et […] évidemment, hein, ce qui compte, c’est de comprendre qu’il y a toujours de l’environnement et des gènes qui jouent […] ».
Alors comment faire concrètement ?
Car autant j’apprécie la théorie, les grandes idées, autant je suis quelqu’un d’extrêmement pragmatique.
Je pense nécessaire de travailler sur plusieurs axes de manière complémentaire :
– Sensibiliser tout un chacun sur les stéréotypes, les clichés que l’on colporte, car on les porte en soi, que ce soit au sein de la famille, mais aussi à l’école, en entreprise, dans l’administration, dans les médias ;
– Travailler dès le plus jeune âge avec les petits, pour valoriser la différence et l’acceptation de l’autre de manière générale, c’est-à-dire ne pas juger, mais comprendre et accepter,
– Etre concret avec l’ouverture des métiers d’hommes à des femmes et vice versa, et pousser/soutenir les souhaits d’orientation éventuels,
– Mais aussi, sensibiliser les dirigeants d’entreprise qu’ils ont tout à y gagner. Qu’adopter des mesures d’accompagnement à la parentalité pour les hommes et les femmes en entreprise est un réel gain financier (mais j’en parlerai bientôt sur mon blog), du fait des nécessaires répercussions positives sur le bien-être des salariés et donc sur leur motivation, leur implication etc…
– Toujours dans ce sens, aider à la déculpabilisation masculine : les hommes ont aussi le droit à une meilleure conciliation vie perso-vie pro, à une vie privée…mais là, le message doit réellement venir d’en haut, car on est quand même dans un monde du travail aux règles masculines,
– Aider chacun à faire un choix, à décider en toute connaissance de cause de ce qu’il veut faire de sa vie avec un enfant : donc informer les futurs parents de ce que provoque dans un couple l’arrivée d’un enfant (répartition des rôles, etc…), mais aussi en termes de vie pro et surtout sensibiliser que chaque moment ne sera qu’une étape et qu’il faut sans cesse préparer la prochaine !
– Accompagner les femmes à prendre confiance en elles, en leurs compétences, mais surtout en leurs choix : de vie, de mondes d’éducation, de vie professionnelle, etc..
– Dans la société : revoir son comportement, remettre en question ses aprioris, et questionner des stéréotypes, bref accepter l’autre en tant que tel et pas en tant que femme ou homme.
In fine, accepter que hommes et femmes ne sont pas égaux, car nous avons de vraies différences. Mais l’idée est bien de faire une vraie force de ces différences des femmes, au même titre que les différences des hommes sont leurs forces. Et donc donner aux femmes les mêmes possibilités qu’aux hommes et vice-versa !
C’est cela, selon moi, changer les mentalités.
Voilà, facile à dire mais pas facile à faire, hein ?
Vous pouvez retrouver Cécile Vandorme Martin sur son site, Féminin Business ou sur sa page Facebook.
Merci pour ce constat très juste et les solutions pertinentes apportées.
J’apporterais juste un bémol à cette phrase : « In fine, accepter que hommes et femmes ne sont pas égaux, car nous avons de vraies différences. ».
Etre égaux ne signifie pas être identiques, c’est justement cette rhétorique qui sert à maintenir les inégalités par ex en affirmant « les femmes sont moins payées car moins disponibles à cause de leurs enfants ». Hommes et femmes sont égaux ET différents. Même si, effectivement, cette égalité reste malheureusement théorique sur certains points (salaire, tâches ménagères etc…).
Sophie
Merci Sophie ! hommes et femmes ne sont pas égaux, sur un plan biologique….après je suis tout à fait d’accord avec vous, puisque c’est sur cette affirmation que les inégalités persistent. Comme pour beaucoup de choses, les raccourcis et stéréotypes ont la vie dure, et sont tellement inscrits dans les têtes qu’il est difficile de les déloger. En d’autres termes, on étend « pas égaux » à tous les champs de la vie : biologique, puis intellectuel, puis parentalité, puis compétences, puis capacités, puis salaires etc etc….il y a un donc un travail gigantesque sur les mentalités à effectuer…. Ce qui ne m’empêche pas de dire que je ne suis pas « identique » ou « l’égale » de mon mari, tout comme je ne suis identique ou « égale » à ma meilleure copine (qui est avocate, or je n’ai absolument pas son art de la discussion et de la rhétorique justement)…. Continuons à nous battre 🙂
Vandorme Martin
Bonjour Cécile,
J’ai eu la même réaction que Sophie sur ce : « hommes et femmes ne sont pas égaux », car je me bats depuis des années sur le thème : « égaux mais différents ». Pourtant, tu as raison, on peut considérer que le mot égalité est une absurdité quand il sert à comparer ce qui, parce que différent, ne peut être simplement mesurable l’un par rapport à l’autre… dont acte 🙂
Par ailleurs, concernant l’éducation, car je crois profondément que tout commence là (même si on ne peut évidemment nier l’influence de l’environnement extérieur au cercle familial), je suis convaincue que l’éducation silencieuse est celle qui prime et influe le plus sur le comportement – et donc la mentalité – de nos enfants, une fois qu’ils ont atteint « l’âge de raison », voire l’âge adulte. L’éducation silencieuse, c’est ce qu’ils observent du comportement de leurs parents, non seulement vis-à-vis d’eux, mais aussi dans la manière dont leurs parents interagissent entre eux et avec les autres, dans la répartition des rôles et des tâches au sein du foyer.Enfin, j’ajouterais, dans les axes à travailler : le respect. Respect de la différence, respect d’une façon de penser différente. A mon sens, c’est le respect d’autrui qui amène à l’écouter plutôt que de lui plaquer un stéréotype sur le dos, et qui est à la base de la richesse de la mixité.
Barbara
Respect : oui !! Il y a tant de choses à dire à ce sujet. Respect, tolérance, acceptation, empathie : accepter l’autre tel qu’il est sans jugement. Oui aussi pour le faire dés le plus jeune âge. à condition de montrer l’exemple, en tant que parent ou encadrant. et de se remettre en cause aussi…
Encore un axe où il reste tant à faire.
Merci Barbara pour votre commentaire 🙂
Vandorme Martin