J’avais interviewé Ariane en 2013 autour de son parcours professionnel. Diplômée d’HEC, elle avait eu une carrière plutôt « classique » dans de grandes entreprises, avant de se reconvertir comme diététicienne en 2007. Quatre ans après, qu’est-elle devenue ? Ariane m’a donné de ses nouvelles autour d’un café. Je lui laisse la parole !
« Côté professionnel, je suis toujours terriblement passionnée par mon travail. Je ne ressens aucune déception, bien au contraire. Je cherche toujours à progresser dans l’exercice de mon métier. Sinon, l’une des grandes nouvelles est que j’ai écrit un livre en 2016, La gourmandise ne fait pas grossir. Je suis vraiment heureuse de l’avoir fait. C’était une idée qui me trottait dans la tête depuis un moment, mais cela aurait pu encore s’éterniser si un éditeur (Carnets Nord) n’était pas venu me chercher ;-). Cela a été l’occasion de synthétiser l’état de mon expérience et de faire passer quelques messages pour aider à faire la paix avec la nourriture et sortir des diktats. Ecrire ce livre m’a également ouvert des portes. J’ai eu l’occasion d’aller en parler à la radio, à la TV ou dans les journaux. J’ai également fait plusieurs séances dédicaces dans différentes villes de province et à Paris. Ecrire un livre, cela apporte indéniablement une crédibilité, une légitimité et une visibilité supplémentaires. Depuis sa parution, je suis référencée sur le site Les expertes. Il m’a également apporté des nouveaux patients qui m’ont entendue à la radio ou à la télévision. Les retours des lecteurs ont été très gratifiants. Cela m’a fait plaisir de voir qu’ils comprenaient et appréciaient ce que je souhaitais transmettre.
Ce que j’apprécie dans les consultations, c’est que chaque personne, chaque cas est différent et complexe : la relation à la nourriture est rarement simple chez les personnes qui consultent. Et chez de plus en plus de personnes, je crois !
Sinon, je reçois davantage de sollicitations pour intervenir dans des entreprises. J’ai l’impression qu’elles sont de plus en plus nombreuses à se préoccuper de qualité de vie au travail, du bien-être de leurs salariés, et pas seulement de façon cosmétique. Certaines ont une vraie réflexion sur ces sujets. Et je me rends compte, justement, qu’à peu près tout le monde se pose plein de questions par rapport à son alimentation. Ces interventions complètent bien mes consultations car j’y suis confrontée aux préoccupations de toutes sortes de personnes qui ne font pas la démarche de consulter une diététicienne.
Le travail occupe une bonne place dans ma vie mais j’ai davantage de maîtrise sur mon emploi du temps que lorsque j’étais cadre en entreprise. De temps en temps, je me bloque des journées off pour des événements professionnels ou semi-professionnels ou des petites escapades. J’accepte également mieux les inévitables aléas de toute profession libérale (patients en retard ou annulations de dernière minute…). Je veille à conserver du temps pour ma vie personnelle : pour mon compagnon, pour moi et pour mon sommeil (un élément très important selon moi, j’avais d’ailleurs écrit un billet sur ce sujet pour En Aparté) !
Côté perso, en 2015, j’ai déménagé. J’ai quitté un appartement dans lequel je vivais depuis 20 ans. Cette décision allait dans le sens de ne pas être dépendante de l’argent, de profiter de la vie et de ne pas devoir accepter des missions pour des raisons financières. Cette recherche de la sobriété joyeuse a commencé il y a plus de 10 ans avant même ma reconversion professionnelle et cela n’a donc pas été trop difficile quand mes revenus ont baissé. Je cherche à moins et mieux consommer. Je me suis aussi débarrassée de beaucoup d’affaires (livres, objets, vêtements…). Cela a été l’occasion de revoir mes priorités, mes choix. A me situer dans l’être plutôt que l’avoir ou le paraître, à profiter de la vie, à être moins dans la possession. C’est un cheminement. Mon métier me nourrit et me permet de consacrer mon temps à ce que j’ai envie de faire. Sinon, j’apprécie les escapades en France ou à l’étranger avec mon compagnon, notamment au Japon, un pays qui nous est cher.
Mes projets et envies à moyen et court terme ? Au niveau professionnel, j’estime avoir toujours des progrès à faire dans mes pratiques, dans la prise en charge et l’accompagnement de mes patients pour les aider à conserver leur motivation, à persévérer. Je me forme régulièrement. Au début de ma pratique, je bénéficiais d’un système de supervision. Maintenant, nous nous retrouvons à trois diététiciennes tous les deux mois environ pour discuter de nos pratiques, de certains cas plus difficiles. Ce système de co-vision me semble très important pour ne pas être isolée professionnellement, j’y suis en toute confiance et il me permet de découvrir de nouvelles approches.
Enfin, deux grands chantiers professionnels me passionnent mais je ne sais pas encore sous quelle forme je vais m’y engager : le bien manger pour tous (à travers ce que j’ai baptisé la cuisine 5S : saisonnière, saine, simple, savoureuse et souple) et la diversité corporelle (notamment lutter contre l’obsession de la minceur, faire accepter cette diversité dès l’enfance, l’adolescence). Au Québec, pas mal de choses intéressantes existent déjà. Il s’agirait de fédérer les bonnes volontés, les idées. Je me rends compte que sur ce sujet, les experts sont moins suivis, écoutés que les personnes qui ont vécu ces injonctions ou des troubles de l’alimentation. Au niveau personnel, mon objectif est de prendre le temps de lire davantage.