Après Morgane et Sophie, la rubrique Au fil du temps se poursuit avec Cécile. Cécile a témoigné pour la première fois sur En Aparté en 2012 autour de la conciliation vie privée / vie professionnelle. Mariée et mère de six enfants, elle avait repris en 3/5ème son travail après quelques années de pause professionnelle. En 2014, sa situation avait été chamboulée par sa séparation du père de ses enfants. Elle était repassée en 4/5ème et pensait reprendre à plein temps, en espérant avoir 2 jours de télétravail. Sans oublier son blog, 8 à la maison. Un grand merci à elle de nous donner de ses nouvelles deux ans après.
Depuis ton dernier témoignage, comment ta situation personnelle et professionnelle a-t-elle évolué ?
Le tsunami de la séparation a fini par se calmer et toutes les personnes qui m’avaient dit qu’il fallait entre 18 mois et 2 ans pour y voir clair avaient raison. C’est bien le temps que ça m’a pris. Je ne pense pas un instant que ce soit lié au nombre d’enfants que j’ai. Ils ont subi, et leur solidarité fraternelle s’est réellement renforcée pour affronter une situation si triste et compliquée. Les séparations qui se vivent intelligemment, de manière adulte et sans conflits sont rares… ce n’est pas le cas de la mienne. Je n’en retire aucune fierté, vraiment. Mais j’ai aussi pendant ces mois pris la mesure du soutien familial et amical dont j’ai eu besoin. J’ai déménagé dans une autre maison l’été dernier, et ça a été pour moi une vraie bouffée d’oxygène. Poser ses valises ailleurs, même si c’est dans la même rue, en profiter pour faire un tri drastique de choses du passé auxquelles cela ne servait plus à rien de s’accrocher. Réinventer un nouvel espace avec les enfants, c’était une étape importante.
Pendant ce temps, ma vie professionnelle a évolué aussi. L’un de mes collègues a profité d’un plan de départ pour faire évoluer sa carrière, et du jour au lendemain, on m’a confié sa charge de travail… en plus de la mienne, bien entendu. Période un peu compliquée pendant laquelle j’ai beaucoup réfléchi à la confiance qui m’était accordée pour assumer ces nouvelles fonctions, ma capacité ou pas à le faire, les limites que je saurais ou pas poser pour tenir dans la durée et ne pas me planter, et bien évidemment aussi toutes les questions relatives à la conciliation entre ma vie pro et ma vie familiale. Cela fait dont bientôt un an que je cumule deux postes. J’ai appris à dire non parfois même s’il me reste des progrès à faire. Mais surtout, comme il s’agit d’une reprise de poste, j’ai pris le temps de m’approprier ce poste pour qu’il devienne le mien. C’était un nouveau challenge pour moi. Commencer par faire comme avant, dans la continuité et puis progressivement apporter des touches personnelles dans l’idée d’améliorer le job. Quand on est dans un poste depuis longtemps c’est une tâche difficile. Dans mon cas, c’était plus simple, et imposé pour réduire un peu la charge de travail. Apporter du changement, c’est challengeant pour moi et j’y prends beaucoup de plaisir. Ce n’est pas fini, il y a encore du pain sur la planche.
Ton équilibre vie perso / vie pro a-t-il été modifié ? En quoi ? En mieux, en moins bien ?
Oui, l’équilibre se modifie, et il y a plusieurs paramètres qui rentrent en jeu.
Du côté professionnel, ma cible il y a 2 ans était de travailler à temps plein, avec 2 jours en télétravail. Cible atteinte et c’est un confort incroyable. Je subis moins l’open space qui pour moi est vraiment toujours aussi anti-productif, et pour autant je vois des collègues 3 jours par semaine. Quand je travaille à la maison, je suis le plus souvent en réunion téléphonique avec des collègues du monde entier. C’est très riche, et un peu piégeux quand il faut gérer les décalages horaires. Laisser ses collègues rentrer chez soi me demande de la souplesse et de la rigueur. Je ne suis pas au top encore de ce côté-là.
Du côté personnel l’équilibre se modifie également. Les semaines où les enfants sont là, j’essaie de ne pas me laisser embarquer dans des réunions trop tardives, et je reprends souvent mon ordinateur vers 23h00 pour traiter quelques mails. Les autres semaines, je travaille davantage, sans réelle contrainte, et j’ai l’impression d’aller davantage au bout des choses. Le tout avec une vie sociale entre les 2 qui me fait un bien fou. Et des déplacements professionnels à l’étranger qui du coup sont presque faciles à organiser. Malgré tout je trouve très compliqué de cloisonner ma vie privée et ma vie professionnelle. Je préfère le mix des deux en permanence, j’ai du mal à faire autrement. A la limite près que mon téléphone professionnel n’est que professionnel et je maitrise bien le bouton off.
Et puis les adolescents sont majoritaires à la maison maintenant. C’est un âge plein de doutes et de questionnements, de choix à faire (que celui qui n’a pas encore mis le nez dans APB en profite pour aller boire un mojito serré avant). C’est un peu angoissant cette idée de devoir assumer les études des enfants, de les accompagner pour qu’ils fassent les choix qui leur permettront de faire un métier qu’ils aimeront. C’est encore une nouvelle étape « éducative » et je l’apprécie autant que les précédentes. Elle demande beaucoup de présence, et une disponibilité d’esprit assez permanente.
Et en même temps, ils deviennent plus autonomes et je retrouve une forme d’indépendance par rapport à eux. J’y gagne aussi en autonomie.
Et d’ici 1 ou 2 ans, comment te projettes-tu ? Quelle articulation vie privée / vie pro aimerais-tu bien atteindre ? As-tu des projets précis ?
Pour être tout à fait honnête, j’aspire à un peu de stabilité et de continuité. Quand je rembobine les 5 dernières années, il y a eu beaucoup de nouveautés, de chamboulements et d’efforts à déployer pour trouver un équilibre. Alors j’aimerais en profiter un peu. Récolter ce que j’ai semé ces dernières années. Mon rythme professionnel me convient, même si ma charge de travail est parfois un peu dingo pour une seule personne. Un peu de répit dans le changement me conviendrait bien. Comme je me connais un peu, j’imagine que d’autres projets verront le jour, d’autres opportunités, d’autres remises en question.
Quel plaisir de lire Cecile :-). Merci Gaelle
Pat