Hortense Lacaille, créatrice du site Onrangetout
J’ai rencontré Hortense il y a quelques semaines lors d’un petit déjeuner Batterie nouvelle, organisé par Christie Vanbremeersch. Elle y a présenté son parcours entrepreneurial, sa façon de trouver des idées, de créer. Sa personnalité, son sourire et son énergie communicative m’ont donné envie d’en savoir plus sur elle. Vendredi dernier, je l’ai interviewée autour d’un café. Merci à elle pour cet échange riche et sincère !
« Après des études d’ingénieur à l’Institut national agronomique Paris-Grignon, je voulais travailler dans le domaine des forêts, mais lors d’un stage à l’ONF, je me suis rendue compte que ce n’était pas assez concret pour moi. Je me suis alors tournée vers l’agro-alimentaire : je suis restée 1 an chez Danone, puis 3 ans chez Pernod Ricard. J’occupais un poste d’ingénieur technico-commercial pour SIAS (une filiale de Pernod Ricard spécialisée dans les préparations de fruits destinées aux produits laitiers). J’appréciais les produits que je vendais aux grandes marques telles que Danone ou Yoplait. Puis l’entreprise de mon mari lui a proposé une expatriation au Brésil. On lui avait déjà proposé deux ans auparavant, mais je souhaitais alors avoir un peu plus d’expérience professionnelle avant de partir à l’étranger. Pendant ces années de salariat en France, j’ai eu mon premier enfant. Durant cette période, je ne rencontrais pas de difficultés particulières concernant ma conciliation vie perso / vie pro, car je pense qu’être bien dans son boulot permet d’être satisfait de son équilibre entre travail et vie familiale. C’était mon cas ! J’avais cependant de longs trajets domicile-travail qui, à la longue, me fatiguaient un peu.
Nous sommes donc partis à Sao Paulo en 2000. J’étais alors enceinte de notre deuxième enfant. Mon idée était de continuer à travailler dans l’agro-alimentaire. De plus, le salariat me semblait rassurant. Mais cela n’a pas coulé de source. J’ai passé pas mal d’entretiens mais cela n’a abouti à rien. En plus, je ne parlais pas très bien le portugais. Enfin, les sites de production qui auraient pu me recruter étaient situés loin du centre-ville.
J’ai alors rencontré une jeune femme, Bérangère, expatriée depuis plusieurs années, qui elle aussi souhaitait travailler. Nous avons alors lancé plein d’idées de créations d’entreprise, même les plus farfelues ! Puis nous nous sommes dit qu’il fallait utiliser l’aura qu’avait la France à l’étranger. Nous avons alors eu l’idée des fleurs, un produit que nous aimions l’une comme l’autre. Au Brésil, il n’y avait pas de compositions florales à la française, alors qu’il y a beaucoup de très belles fleurs. On a fait des tests, un business plan et puis en avril 2001, on s’est lancé ! On a joué la carte France dans le nom de notre boîte, Une fleur…dans la ville. Au départ, nous vendions en ligne et nous avions un atelier pour réaliser les bouquets. Mais les particuliers voulaient voir nos produits, on a alors ouvert notre atelier au public. De grandes entreprises (LVMH, Cartier, L’Occitane, etc.) et des hôtels sont rapidement devenus clients. Bérangère et moi nous entendions très bien et étions complémentaires : elle s’occupait du commercial, tandis que la gestion était pour moi. On a recruté une fleuriste brésilienne et par la suite un chauffeur pour les livraisons. Nous alternions les achats tôt le matin sur un grand marché qui ressemblait à Rungis.
J’étais très aidée à la maison, pour les enfants aussi (entre temps, nous avons eu un 3ème enfant). Mon bureau était à 50 mètres de chez moi, ce qui me permettait une grande flexibilité. Notre objectif était de rendre viable notre entreprise, davantage que de faire fortune. Ce fut une grande expérience humaine qui a duré 5 ans. Puis nous avons vendu notre entreprise à deux expatriées françaises : Bérangère (qui avait eu des triplés) partait à New York, mon mari était très malade et je voulais pouvoir lui consacrer du temps. Malheureusement, mon mari est décédé quelques mois plus tard.
Je suis alors rentrée de façon un peu précipitée en France. Ma famille m’a beaucoup aidée. Il fallait que je retravaille rapidement. J’ai pensé à créer une autre entreprise, mais à ce moment là, je n’avais pas l’énergie pour cela et je ne pouvais pas me permettre de prendre de risques financiers. J’ai alors fait un bilan de compétences. Par bouche à oreille, j’ai rencontré Olivier Kopp qui travaillait dans la grande distribution, chez E. Leclerc. C’était un secteur qui ne m’attirait pas particulièrement au départ. Mais je me suis rendue compte que E. Leclerc avait une forte identité entrepreneuriale. Olivier Kopp avait créé les marques propres. Il a probablement apprécié mon parcours atypique. J’ai été recrutée ! Pendant 6 ans, j’ai été responsable international pour les marques propres de E.Leclerc (Marque Repère, ECO+ et Nos régions ont du talent). Ce poste me convenait. J’appréciais l’esprit d’entreprise, les moyens mis à ma disposition et le fait d’avoir une belle équipe, en revanche les aspects politiques me pesaient. Grâce à ce poste, j’ai beaucoup voyagé en Europe (Pologne, Espagne, etc.). J’ai aimé cela car c’était une période où j’avais besoin de prendre l’air. Ma mère m’a aidée pour prendre le relais auprès de mes enfants.
Mais l’idée de créer une entreprise me trottait toujours dans la tête. Je me suis remariée en 2010 avec un homme qui était lui-même chef d’entreprise et qui m’a soutenue dans mes envies. Nous avons eu un enfant, j’ai alors décidé que je ne reprendrai pas mon poste après mon congé maternité. J’ai démissionné en 2012. A l’époque, je n’avais pas d’idée très précise de ce que j’allais créer. J’ai rencontré Christie Vanbremeersch et j’ai assisté à ses petits déjeuners créatifs. Cela m’a beaucoup aidée. J’ai émis pas mal d’idées et finalement celle de lancer quelque chose autour du rangement a répondu à mes critères. J’avais vécu quelques mois auparavant un déménagement et un emménagement un peu compliqués, enceinte de 4 mois, avec mes trois enfants, mon nouveau mari et ses 40 ans de célibat ! J’ai réalisé à ce moment qu’il n’existait pas d’enseigne dédiée au rangement, mais qu’il fallait aller dans différents magasins pour trouver son bonheur. Pour moi, le rangement n’est pas naturel mais je pense que l’on peut se motiver, voire y trouver du plaisir si on a les bons accessoires et les bons conseils. Or, un peu de rangement et d’organisation simplifient beaucoup le quotidien. J’allais donc être la première cliente de On Range Tout. Au début, je ne voulais pas me lancer seule car je pense que l’on est plus fort à deux. Bérangère était revenue de NY mais ce n’était pas le bon moment pour elle. Une amie spécialisée dans le web, qui était en transition professionnelle, m’a aidée pendant quelques mois à réaliser le cahier des charges pour le site internet et à trouver le bon prestataire. Parallèlement, je me suis occupée de la recherche de fournisseurs, de financement et des locaux pour le stockage. Début 2014, le site Onrangetout.com a ouvert ! Il propose aujourd’hui 900 accessoires de rangement. Je vise 1000 références fin 2014.
C’est à la fois super excitant et un peu stressant. Nous avons de bons retours (de la presse notamment) et déjà des clients récurrents. Mon intuition se confirme : il y a un vrai besoin. Cependant ma toute jeune entreprise est encore fragile. Notre challenge : rendre l’entreprise viable, proposer des produits utiles et un service qui plaise, étoffer l’offre, créer davantage de trafic sur le site, améliorer le côté technique et le référencement naturel, bref, qu’Onrangetout devienne la référence dans le domaine du rangement, tout en conservant notre esprit humain ! Nous sommes actuellement 3 à plein temps : Tiphaine (surnommée Camille) chargée de la logistique et du SAV ; Amélie qui s’occupe du référencement et moi-même. Bérangère a rejoint l’aventure il y a quelques mois, en indépendante. Elle écrit les articles pour le blog et la newsletter. J’apprécie son regard extérieur et son expertise de « fée du logis ». Elle teste également tous les produits.
Concernant la création d’entreprise, j’ai eu de bonnes surprises. J’ai trouvé qu’il y avait des personnes pour vous aider et que les aides étaient plus efficaces que ce à quoi je m’attendais, notamment via la CCIP et HDSI (Hauts de Seine Initiative). En revanche, ce que je trouve difficile, c’est de recruter. J’ai des besoins, mais c’est très compliqué.
En terme de conciliation vie privée / vie pro, le fait d’avoir ma propre entreprise me permet d’avoir un peu plus de flexibilité que quand j’étais salariée. En revanche, j’y pense tout le temps ! J’ai dû mal à décrocher, le week-end j’emmène mes enfants au bureau. Ils prennent plaisir à s’impliquer et à participer.
J’ai une « marraine » grâce à HDSI et je suis toujours suivie par la CCI. Par ailleurs, je souhaite faire partie de réseaux professionnels, mais je n’ai pas encore pris le temps de trouver celui qui me convient ! La première année a été bien remplie.
Vous pouvez retrouver Hortense sur son site http://www.onrangetout.com/ ou sur la page FB : On range tout
Très beau portrait ! Bravo à Hortense pour son énergie et sa générosité qui transparaît dans les lignes.
Isabelle