Hier, j’ai assisté à la présentation du baromètre annuel de la formation professionnelle réalisé par la Cegos, auprès de 800 salariés et 450 DRH ou responsables de la formation. Comme vous le savez peut-être, une réforme de la formation professionnelle a été adoptée début mars (les décrets devraient être bientôt publiés). Côté salarié, elle comporte notamment la création d’un compte personnel de la formation qui remplacera le DIF et suivra le salarié tout au long de sa vie professionnelle, et d’un nouvel entretien professionnel obligatoire.
Ce baromètre se penche notamment sur les motivations des salariés à se former, sur leur degré de satisfaction par rapport aux formations suivies, sur les modalités de formation les plus appréciées (le présentiel reste largement dominant, e-learning, tutorat, coaching, MOOC, etc.).
Il en ressortait, mais cela ne m’a pas surprise, que c’était les personnes les plus formées et les plus diplômées, qui se formaient davantage et qui avaient le réflexe d’aller chercher des informations pour se former. Le risque de cette réforme est donc de rater le coche si elle ne parvient pas à attirer les personnes qui en ont le plus besoin vers la formation pour acquérir une qualification ou conserver leur employabilité. Il est donc de la responsabilité des entreprises (et des organismes de formation) de parvenir à former les moins qualifiés en leur proposant une offre adaptée.
Si je prends mon cas personnel, quasiment à chaque fois, c’est moi qui ai fait la démarche pour me former. J’exclus les quelques formations auxquelles j’ai eu le droit lorsque j’étais salariée et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. (en dehors de beaucoup de paper-board, de post-it, de formateur-pas-très-pédagoque, etc.)
En revanche, je me suis pas mal formée lors de mes périodes de transition/chômage (suite à des déménagements dans de nouvelles villes). Ainsi, lorsque je suis arrivée à la Réunion en 1998 (!) et ayant du mal à trouver un travail, plutôt que de ne rien faire, j’ai choisi de faire une formation (je ne sais plus trop en quoi, mais je me souviens que cela m’a permis de mieux comprendre le marché de l’emploi réunionnais et de me faire une super copine !). Quelques semaines après, je trouvais un job !
J’ai également suivi il y a une dizaine d’années une formation aux logiciels Dreamweaver, Photoshop, Indesign, etc. Cela m’a permis d’aider mon père à ouvrir son site Internet et d’avoir de meilleurs réflexes en termes de mise en page et de site web. Il y a 1 an, j’ai pris des cours d’anglais grâce aux heures de DIF que j’avais accumulées. Et il y a quelques mois, j’ai suivi une formation de 2 jours réservée aux pigistes organisée par Illya. Et là, je viens de m’inscrire à mon premier MOOC sur le journalisme et les réseaux sociaux lancé par Rue89 (qui démarre bientôt).
A chaque fois, j’ai cherché l’information, les financements possibles (ou pas !). Je me souviens qu’à aucun moment, l’ANPE (à l’époque, cela ne s’appelait pas encore Pôle Emploi) ne m’a aidée dans mes recherches. Il a fallu à chaque fois que j’apporte toutes les informations nécessaires. Mais cela a marché !
Je me forme pour apprendre de nouvelles choses ou pour me perfectionner dans certains domaines. Et à chaque fois, les objectifs ont été globalement atteints.
Et vous, quel rapport entretenez-vous à la formation professionnelle ? Est-ce quelque chose qui vous semble important ? Utile ? Avez-vous suivi une formation ces deux dernières années ?
Quand je me suis lancée dans l’entrepreneuriat, j’ai été accueillie dans une » couveuse' » et j’ai adoré prendre des cours sur plein de sujets que je ne maitrisais pas du tout ! Mais depuis, c’est un peu Waterloo morne plaine !
Marie
Très intéressant et si vrai ! Merci pour ce billet précis et qui dit les choses telles qu’elles sont !
Ce sont les gens qui doivent aller chercher leur formation, parfois se heurtant au mur Pole Emploi ou à des RH qui aiment faire appel à seuls quelques organismes habituels.
Alors que nous sommes nombreux à proposer des formations sur-mesure : dans le but d’ouvrir les possibilités et de faire bouger les lignes (et non dans le but de se faire de l’argent sur le dos des gens… enfin moi, ce n’est pas mon cas ;-))
À nous, professionnels de la formation, de se faire connaitre, aussi !
Merci Gaëlle et bisous !
Marie-Haude
J’ai pu bénéficier d’un CIF pour un mastère executif et comme toi j’ai fait les démarches seule (hormis l’autorisation de ma hiérarchie). J’ai eu beaucoup de chance car Agefos a pris en charge la formation (95%) et mes absences (95%) alors que c’était un bac +5. Je trouve dommage que les dispositifs soient si peu connus. Il y a tellement de formation intéressantes: techniques mais aussi en développement personnel.
Simmoni
Je suis en plein bilan de competences finance par mon DIF. Comme tu les dis, j’ai fait la demarche moi-meme, trouve l’organisme et mes RH n’avaient plus qu’a signer en bas de page. J’ai du au passage faire du lobbying car les RH refusent les bilans de competence au pretexte qu’ils ne veulent pas investir sur des gens qui vont partir de l’entreprise a l’issue de cette formation.
Concernant les MOOC, je me suis deja inscrite a 2 sujets tres interessants et les 2 fois, je n’ai pas reussi a suivre. Ca demande beaucoup de temps et de volonte personnelle pour les faire en parallele d’un travail a temps plein.
Nanouak
Bonne analyse !
Par expérience, il ne faut compter que sur soi pour les formations si l’on ne veut pas être déçu.
Nos RH ou services Formation professionnelle nous renvoient très souvent soit au DIF (formations internes principalement sur l’assurance « assurances » et anglais assurantiel), soit aux autres formations externes (dans ce cas la formation est budgétairement prise en charge par le supérieur hiérarchique et donc dépendante de l’acceptation de celui-ci).
Ce choix est, je pense, propre à la stratégie RH de la société.
Dans ce cadre, les formations DIF ne sont pas adéquates (je connais le secteur d’activité) . Il me restait donc les formations externes. Seul hic : les cabinets de formation n’arrivent pas à avoir des groupes de même niveau : soit j’avais l’impression de perdre mon temps (et l’argent de la formation), soit j’étais incapable de suivre… ce qui est pire ;)… et les paper-board existent toujours ! A quand le zéro papier pour sauvegarder nos forêts.
En revanche, j’ai beaucoup apprécié l’e-learning en anglais (aucune contrainte d’heure, de transport ou de lieu). Je m’y mettais quotidiennement, sur portable ou Ipad… Mais je l’ai acheté personnellement car la société a refusé l’expérimentation.
bravo et gros bisous Gaëlle
Bouliau
Encourager le recours à la formation professionnelle est un objectif de l’Etat depuis de nombreuses années, et c’est également l’objectif de cette réforme de la formation avec une tentative d’ouverture aux publics les plus fragilisés. Outre la nécessité de simplifier les rouages administratifs, l’information du public est importante et doit être encouragée à travers les nouveaux outils du numérique. Car votre témoignage est très juste : de nombreuses demandes de formations sont effectuées à la demande du salarié, salarié qui a découvert les dispositifs qui lui étaient offerts généralement pendant des périodes de recherche d’emploi ou d’orientation professionnelle. Le dispositif tout particulier du CPF devrait donc continuer d’encourager ce phénomène.
Formaltis
La formation est bien belle sur le « papier ». Dans la réalité, les choses sont différentes. Si les formations sont parfois accordées suite aux demandes des salariés ou demandeurs d’emploi, il existe malheureusement de nombreux refus. A l’origine : les entreprises elles-mêmes, ou encore Pôle Emploi ! Chercher, trouver et se faire financer une formation relève toujours aujourd’hui du parcours du combattant, même avec les DIF, CIF et autres abréviations… Courage à ceux qui veulent en obtenir une : ne lâchez rien !
Pascal
Excellent billet, il y a tant à dire sur la formation ! Mais ce n’est pas toujours facile pour un service de ressources humaines de tout connaître dans ce secteur tant les offres sont variées (et la qualité aussi…). Pourtant la formation est nécessaire à plusieurs titres : elle permet aux salariés d’évoluer, de s’enrichir, et donc d’apporter un souffle nouveau à son entreprise. C’est essentiel pour développer son « capital humain » !
Philippe