Lâcher prise (par Nanouak)
Je crois que l’idée m’est venue lors de ma première grossesse, insidieusement, sans m’en rendre compte et surtout sans savoir comment faire.
Comment se détacher, prendre du recul, sans avoir l’air « j’-m’-en-foutiste » ?
Faut-il arriver au bord du précipice pour se rendre compte que ce chef qui nous dit que l’on n’est pas faite pour ce métier n’a pas forcement raison ? Que ce bébé qui pleure depuis des heures s’arrêtera bien un jour et que l’on n’est pas obligée de supporter ça toute seule ? Que cette belle-mère qui nous « vole » notre bébé est juste un peu maladroite et déborde d’amour pour son premier petit-fils ?
Sans pour autant se détacher complètement de tout, il est parfois important de se recentrer sur l’essentiel.
La famille ? Oui c’est important pour moi et j’aime passer du temps avec elle mais faire 500 Kms toutes les semaines pour le déjeuner dominical, c’est non.
Les enfants ? Mes rayons de soleil, mais j’ai aussi une super nounou sur qui je peux compter et un mari qui fait pleinement sa part (J’insiste sur le fait qu’il ne m’ « aide » pas, ce qui signifierait que je suis responsable de tout et qu’il ne m’aide que quand il veut, impensable !). Les sorties scolaires, les rendez-vous chez la pédiatre, les devoirs : qui a dit c’était aux mères de le faire ? Parfois les mères elles-mêmes, en tous cas, cela vient d’une certaine norme que la société nous impose.
Le travail ? Essentiel à mon épanouissement mais cette réunion à 18h est-elle vraiment indispensable ? Ne peut-on pas régler ce problème très urgent demain la tête froide ? Ce chef qui nous dénigre, est-on obligée de l’écouter sans rien dire ? Et s’il avait tort ?
Comme dirait Valérie Rocoplan, que l’on croise souvent sur les sujets de conciliation et d’égalité hommes/femmes, les femmes souffrent du syndrome de la chic fille trop consciencieuse. A-t-on vraiment besoin d’être la meilleure femme/épouse/mère/femme de ménage/cuisinière/travailleuse/salariée/entrepreneuse ou juste d’être en accord avec nos valeurs et s’en trouver bien ?
Bref lâcher prise, prendre du recul, c’est aussi prendre du temps pour soi, pour réfléchir, se reposer, rire avec ses amis, faire du sport ou tout autre chose qui nous fait vraiment envie, nous fait arrêter pour quelques instants cette course effrénée et qui nous permet de trouver notre propre équilibre loin des diverses pressions de notre société.
Note d’En Aparté : voici donc ouverte la saison 2 du dictionnaire collaboratif de la conciliation vie privée / vie pro ! Un grand merci à toutes les personnes qui ont d’ores et déjà choisi un mot. Il est encore temps d’en choisir un qui vous inspire tout particulièrement en m’indiquant votre choix en commentaire (il s’agit ensuite d’écrire votre « définition » du mot choisi et de m’envoyer votre billet par mail). Je vous souhaite à tous un très bel été !
Merci beaucoup Gaëlle. Je suis très émue d’avoir un texte publié sur ton blog.
nanouak
Très bonne la remarque sur la sémantique de la participation du papa !
Marie-Xavière
Je suis toujours étonnée de voir tant de témoignages qui présentent le temps passé avec les enfants comme une vague corvée ou une contrainte, alors que le travail est toujours présenté comme « essentiel à l’ épanouissement » . La norme sociale n’intervient-elle pas surtout à ce niveau en fait ?
Et n’oublions pas qu’on est dans une société très compétitive (il n’y a pas de travail pour tout le monde) et que le lâcher prise dans le domaine professionnel pardonne peu…
nathalie
Merci Nanouak pour cette jolie définition du « lâcher prise ».
Pour ma part, j’ai eu hélas « besoin » de passer par un burn-out pour être prête à ce changement dans tous les domaines que tu cites : famille, enfant, travail. Et je dirais maintenant que ouf, ça fait du bien d’être plus indulgent avec soi même!?
Je pense qu’on est nombreux à parler de lâcher prise, mais sommes-nous si nombreux à y parvenir?
Sophie
Merci Nathalie et Sophie pour vos commentaires.
Pour ce qui est de la « corvée » des enfants, j’avais assez tendance à considérer ça comme une corvée effectivement. Je stressais quand je devais m’occuper de mon fils toute seule. Maintenant, j’en ai 2 et je suis beaucoup plus relax. Je prends même plus de plaisir à passer du temps avec eux, même seule. Mais ça ne s’est pas fait tout seul et ça n’a pas toujours été évident pour moi.
Pour ce qui est du travail, c’est le seul modèle que je connaisse, ma mère, mes tantes et grand-mères ayant toujours travaillé. Par contre j’ai souvent l’impression de prendre plus de recul que mes collègues, qui se sentent obligés d’aller à des réunions jusque tard le soir ou répondre à leur mail pendant leurs vacances. Je trouve qu’ils se créent ce genre de contraintes eux-mêmes et que ça ne vient pas toujours de la hiérarchie.
Et pour ce qui est du burn-out, je n’en suis pas passée très loin après la naissance de mon premier garçon, c’est ce qui m’a fait vraiment réfléchir à mes priorités. Et il est vrai que le lâcher prise est un processus long et continuellement remis en cause, car nous sommes humains et soumis au doute et aux émotions. Tant mieux, c’est ce qui nous fait avancer.
nanouak