L’un des billets les plus consultés sur ce blog, via les moteurs de recherche, est celui-ci : Le télétravail, où trouver des offres d’emploi ? (rédigé en 2008, réactualisé à plusieurs reprises).
Ceci est une preuve, parmi tant d’autres, de l’engouement des Français pour le télétravail (alors que les temps de trajets domicile-travail ne cessent de s’allonger…). Autre signe : Le Tour de France du télétravail qui s’est tenu fin 2012 dans 11 villes (objectifs : faire remonter les expériences et les bonnes pratiques, casser les idées reçues et les clichés, rappeler les conditions de la pertinence du télétravail). Un livre blanc national sera également publié en février ou mars prochain par les organisateurs et partenaires.
A l’heure actuelle, il est encore très difficile de dire précisément quel est le pourcentage de la population active pratiquant le télétravail. Selon les études qui datent des années 2006-2007 et la définition que l’on donne au télétravail, entre 7 et 9% des salariés travailleraient hors de leur bureau au moins un jour par semaine. Autre chiffre plus récent, celui avancé par le cabinet spécialisé Greenworking dans une étude réalisée en mai 2012 : 12,4% des salariés télétravaillent au moins 8 heures par mois. Dans les faits, de nombreux salariés pratiquent en outre le télétravail informel (le soir, le week-end, ou même en journée au cas par cas – enfant malade par exemple).
40% des entreprises du CAC 40 ont signé un accord cadre de télétravail (mais cela ne concerne en général que quelques centaines de salariés sur des effectifs qui s’élèvent à plusieurs milliers ou alors ils n’en sont qu’au stade de l’expérimentation). Les administrations sont encore très en retard sur cette questions là et celles qui s’y sont lancées sont encore peu nombreuses (je me souviens avoir écrit récemment un article sur le Conseil Général du Finistère. Le Conseil Général du Cantal, du Lot ou de l’Orne sont également régulièrement cités comme étant précurseurs, la Mairie de Paris le pratique également dans certains services, etc.). Un rapport sur les perspective de développement du télétravail dans la fonction publique avait été remis au gouvernement en juillet 2011 (il fait notamment le point sur les administrations qui le pratiquent et les projets).
Côté législatif, une loi, dite loi Warsmann, encadre le télétravail dans le secteur privé depuis le 22 mars 2012 et, dans le secteur public, une loi similaire a été votée le 8 février 2012.
Côté pratique, de nouveaux espaces de travail sont en train de prendre forme et d’offrir la possibilité au salarié de télétravailler en dehors de son domicile : coworking, tiers-lieux, etc. (même si actuellement, ils concernent surtout les télétravailleurs indépendants).
Pour autant, il est extrêmement difficile de trouver des offres d’emploi salarié en télétravail. Pourquoi ? Parce que très peu d’entreprises indiquent d’emblée dans le descriptif de leur offre que l’emploi pourra être effectué partiellement en télétravail. En effet, de façon générale, celui-ci ne se pratique qu’au bout d’un certain temps, lorsqu’une relation de confiance a pu s’établir. Ou alors parce que cela fait partie de la négociation lors des entretiens de recrutement. Ce non-affichage peut en partie se comprendre. Si j’étais moi-même un recruteur, je ne suis pas certaine que j’afficherais d’emblée que le télétravail est possible, surtout s’il s’agit d’un travail d’équipe. Il me faudrait connaître la façon de travailler de la personne ou savoir si elle l’a déjà pratiqué. Cependant, je suis consciente que cela peut être également un argument fort d’attractivité auprès de certains candidats (notamment ceux qui habitent un peu loin du poste proposé ou pour des personnes comme moi ;-)!).
Personnellement, je pense que le télétravail est une très bonne pratique organisationnelle pour certains métiers et pour certaines fonctions (selon ce rapport du CAS, 50% des métiers pourraient être partiellement télétravaillables). Mis en place de façon intelligente, concertée, encadrée, le télétravail comporte de multiples avantages à la fois pour le salarié et l’entreprise (pour le salarié : moins de fatigue dans les transports, augmentation du bien-être, meilleure concentration, et pour l’entreprise : augmentation de la productivité, fidélisation du salarié, évolution des pratiques managériales, baisse des coûts immobiliers, etc.). Et il me semble qu’il existe des réticences et des craintes qui peuvent être dépassées de façon intelligente. En revanche, il ne faut pas sous-estimer ses difficultés et ses limites, à la fois pour le salarié et pour l’employeur (brouillage de la frontière entre vie perso et vie pro, amoindrissement du lien social et collectif, tentations à la maison qui détournent l’attention du salarié, nécessité d’être très autonome, changements dans le management, etc.).
Je pense aussi que si l’entreprise n’a pas signé d’accord de télétravail ou si elle ne le pratique pas encore, il n’est pas interdit en tant que salarié d’en parler avec son manager, en préparant bien évidemment sérieusement sa demande (raisonnable) et ses arguments. Cela ne veut pas dire que la demande sera acceptée mais qui ne tente rien, n’a rien ! Je me souviens avoir demandé dans l’un de mes précédents postes salariés la possibilité de télétravailler de façon ponctuelle et cela avait été accepté. Et mon employeur n’a jamais eu à le regretter, me semble-t-il ! Et moi, j’appréciais d’écrire au calme quelques articles un peu complexes.
Pour compléter ce billet, voici quelques témoignages recueillis sur Twitter suite à mon appel à témoignages (NB : ces témoignages sont amenés à être complétés et enrichis au fur et à mesure) :
– @Mauvais-Papa, domicilé à Rouen, habituellement free-lance, a accepté une mission salariée de 6 mois sur Paris à la condition de pouvoir télétravailler 1 à 2 jours par semaine, ce qui a été accepté. Pour le moment, il en est satisfait. Il a également choisi cette formule car il souhaite gagner en souplesse pour s’occuper de ses 3 filles.
– @Vermicel est salariée d’une association. Suite à un déménagement (l’éloignant de son lieu de travail), elle a demandé à télétravailler un jour (parfois 2)/semaine et cela a été accepté sans souci. Le jour n’est pas fixe. Elle s’organise à sa guise. Elle apprécie également les autres jours d’être dans l’ambiance du travail et pas seule chez elle. De plus, étant la seule salariée de l’association, il y a un besoin minimum de présence physique pour le courrier, le téléphone… @Vermicel m’a précisé que si elle n’avait pas obtenu le télétravail, elle aurait sans doute chercher à négocier une augmentation. –
– @DominiqueC83, anciennement free-lance, est actuellement salariée d’une petite structure (Med Planet) au sein de laquelle elle travaille à temps complet et en télétravail tous les jours. Quasiment tous les autres salariés sont dans le même cas qu’elle. Elle apprécie beaucoup cette façon de travailler, habituée à travailler de chez elle (« c’est une question d’organisation). « Je travaille plus intensément, avec des coupures à ma convenance ». Elle ne se sent pas isolée grâce à de nombreux contacts téléphoniques avec des « médecins adorables ». Pour elle, le succès du télétravail est une question de confiance réciproque.
– Sophie, alias @_doudette avait évoqué son expérience de télétravail sur mon blog lors de son témoignage et en parle plus longuement sur le sien (Open Space ou Home Office)
– Lola sur la Toile, salariée au sein d’une grande entreprise, à temps partiel choisi, est en télétravail quasiment tous les jours, sauf le mercredi (4 enfants à la maison !). Son témoignage, très complet, fait l’objet d’un billet.
PS2 : si jamais vous souhaitez apporter votre propre témoignage dans les commentaires, vous êtes les bienvenu(e)s !
Personnellement, j’aimerai faire le télétravail
my dago assistant