Si vous lisez régulièrement ce blog, vous devez savoir que je suis inquiète (et c’est un euphémisme) par rapport à l’Education Nationale. Très sensible à l’enseignement du français notamment (je suis « littéraire » de formation et de coeur), j’ai découvert avec grand intérêt le blog La vie moderne (suite à la « petite expérience » numérique que son auteur a menée auprès de ses élèves mais sur laquelle je ne reviendrai pas car elle a déjà été très largement médiatisée et commentée). J’ai lu le blog en détails (concrètement, j’ai passé des heures dessus !) et j’ai eu envie de donner la parole à son créateur, Loys Bonod, 37 ans, professeur de français. Un grand merci à lui d’avoir accepté cet échange (téléphonique) passionnant (mais inquiétant…). Vos réactions et commentaires sont les bienvenus !
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis professeur certifié de lettres classiques. J’enseigne depuis 14 ans, dont les 8 premières années dans plusieurs collèges de ZEP, des Mureaux à Sarcelles, et depuis 3 ans au lycée Chaptal à Paris. Je suis également blogueur (La vie moderne) et passablement technophile.
Sur votre blog, vous écrivez que l’enseignement de français a subi de graves atteintes dans le primaire et dans le collège, notamment depuis les réformes des années 90. Pourriez-vous revenir sur ces réformes et sur leur impact ?
Ces réformes ont été pensées pour adapter l’école à une autre réforme des années 1970, le collège unique, et à la massification qui s’en est suivie. Le paradoxe est que depuis les années 1990, on n’a jamais autant réfléchi à l’école ou questionné la pédagogie, à la suite de la création des « sciences de l’éducation », et on n’a jamais dépensé autant (avec la création des IUFM en 1989 et une année entière de formation pour les professeurs). Or l’école n’a jamais aussi mal rempli sa mission qu’aujourd’hui. Concernant plus particulièrement le français, on peut véritablement parler de casse, voire de catastrophe même pour l’orthographe la plus élémentaire en fin de scolarité obligatoire. Notre propre langue devient étrangère à nos élèves.
Pourtant je suis moi-même un pur produit de ces réformes. Au départ, lorsque j’ai commencé à enseigner, je considérais – sans doute naïvement – qu’il s’agissait de réformes pleines de sens et d’intelligence.
L’idée générale est qu’il fallait renouveler l’enseignement du français, procurer du plaisir, rechercher la spontanéité, promouvoir l’expression orale, décloisonner les disciplines, enseigner en séquences (c’est-à-dire de ne plus enseigner un jour l’orthographe, un autre jour la grammaire et un dernier l’étude d’un texte mais faire tout cela ensemble à partir d’un texte), mettre en place l’interdisciplinarité (par exemple, l’enseignement du français doit aller de pair avec les arts plastiques ou l’histoire-géographie, etc.)…
Avec le recul, je juge très sévèrement toutes ces réformes. Ces idées, certes très séduisantes sur le papier, se sont révélées extrêmement dangereuses et nocives. Nous avons été des apprentis sorciers avec l’école. Force est de constater que ces réformes ne peuvent fonctionner qu’avec de très bons élèves, ceux qui sont privilégiés et ont déjà une solide culture personnelle, mais absolument pas pour les élèves en difficulté ou même « normaux ». Ceux-ci ont besoin de cadres clairs et rassurants. Avec le travail en séquences par exemple, où tout se retrouve « horizontalisé », les élèves sont perdus.
L’orthographe et la grammaire sont aujourd’hui réduites à la portion congrue. Et pourtant ce qui se conçoit bien s’énonce clairement… A ce sujet les élèves ne font que trop peu d’exercices répétitifs, pourtant nécessaires car structurants. Lorsque j’étais en primaire, j’ai le souvenir précis que je faisais chaque soir mes 3 ou 4 exercices de Bled. Aujourd’hui bien souvent, les élèves étudient vaguement un texte, apprennent un peu de poésie, savent compter en anglais. Certains réformistes militent pour la suppression totale des devoirs à la maison…
Une anecdote révélatrice : lors de mon stage à l’IUFM à la fin des années 1990, j’ai voulu rédiger un mémoire sur la dimension sociale de l’orthographe, pour montrer à quel point la maîtrise de l’orthographe était importante pour ne pas être déclassé ou discriminé socialement. On m’a purement et simplement interdit de traiter ce sujet !
Évidemment, face à la baisse inexorable du niveau, il a fallu baisser considérablement les exigences (sujets simplifiés, consignes de notation complaisantes, etc.).
Résultats : on est obligé aujourd’hui de fournir des formations de français à des étudiants ou des salariés qui savent à peine lire ou écrire et on exige de candidats à un poste une certification Voltaire en orthographe.
Autre constat : la diminution dramatique des horaires en français. En primaire, entre les années 1960 et 2010, les CP ont perdu 5 heures par semaine de français. En CE2, le temps a été quasiment divisé par deux. En sixième, un professeur qui avait deux classes en a désormais quatre. Or, non seulement les élèves ont moins de cours mais un professeur ne peut pas fournir le même travail avec le double de classes. Cette année, les élèves de seconde de mon lycée n’ont plus que 4 heures de français au lieu de 6 heures il y a encore deux ans.
Sur l’ensemble d’une scolarité, on a ainsi perdu 3 ou 4 années de français. Un élève de 3ème a maintenant le niveau d’un élève de CM2 des années 70 ou 80 ! Les dictées du brevet correspondent à un niveau de primaire.
En rejetant tout ce qui pouvait présenter trop de difficultés, on a privilégié la notion de plaisir dans les nouveaux programmes. Cela a pu sembler une bonne idée sur le papier. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Au collège, on invite à étudier des œuvres de jeunesse, assez pauvres au niveau littéraire. Résultat : les élèves ne sont plus familiarisés avec les textes classiques, leur syntaxe élaborée et leur vocabulaire riche et nuancé.
Paradoxalement les programmes de français au collège et au lycée sont devenus quasiment universitaires. Par exemple, on étudie la focalisation alors que c’est une notion que je n’avais moi-même abordée qu’en licence de lettres… De même la terminologie grammaticale ne cesse de changer. L’ensemble est devenu si complexe et si sophistiqué que les parents eux-mêmes n’y comprennent plus rien et ne peuvent plus suivre leurs enfants. Résultat : les guides pour aider les parents font florès et les cours particuliers se multiplient !
J’en veux au système, pas aux élèves. A force de vouloir innover on a oublié d’être efficace.
Certains professeurs et parents critiquent ces graves dérives et résistent tant bien que mal mais ils n’osent pas toujours s’exprimer ouvertement.
Malheureusement les syndicats les plus influents sont aussi les plus réformistes… dans le pire sens du terme (je précise que je ne suis affilié à aucun syndicat).
Ces nouvelles pédagogies étaient belles et généreuses sur le papier mais, en réalité, terriblement pernicieuses, comme nous pouvons le constater aujourd’hui. Elles ont fait la preuve de leur échec. Hélas il existe une permanence idéologique dans toutes les équipes au pouvoir, qu’elles soient de droite ou de gauche et rien ne change vraiment. Ce qui n’a pas marché doit être appliqué davantage !
Répétons-le : je ne suis pas opposé aux expérimentations mais avec prudence et pragmatisme : le temps et la sérénité sont les meilleurs alliés de l’éducation.
Je constate aussi – non sans amertume – que l’on dissimule cet échec avec des mesures telles que le livret de compétences, la disparition des notes chiffrées ou encore la suppression du redoublement. Mais ce n’est pas en interdisant les notes et le redoublement que l’échec scolaire disparaîtra ! Concernant le système des notes, il n’est pas parfait mais au moins il a le mérite de la clarté et sert de signal d’alerte pour les parents comme les enseignants.
Par rapport aux nouvelles technologies, vous vous méfiez de ceux qui estiment que cela va régler tous les problèmes de l’école et être une avancée formidable. Vous êtes convaincu de l’intérêt du numérique mais très critique dans le cadre scolaire (notamment en lettres) ? Quels conseils donneriez-vous aux parents dans l’usage de leurs enfants aux NTIC ?
Le numérique est considéré par certains comme un « deus ex machina » qui va sauver l’école de tous ses maux. Il apparaît aux yeux des nouveaux pédagogues comme le prolongement naturel de toutes les réformes catastrophiques mises en œuvre depuis les années 90, à savoir l’individualisation, le constructivisme, le refus de l’effort, etc.
A ce titre, non seulement je ne crois pas que le numérique puisse sauver l’école mais je crains qu’il ne fasse qu’aggraver la crise actuelle.
Bien sûr le numérique fait partie de nos vies et je suis le premier à l’utiliser mais je pense qu’il y a un âge pour tout. Un âge pour apprendre à élaborer une pensée construite, pour développer son esprit critique, pour acquérir une culture et de l’autonomie avant de se lancer à corps perdu dans le numérique.
Or ces apprentissages sont longs et demandent de la concentration, des efforts. Les nouvelles technologies, sans apprentissage, sont davantage synonymes d’instantanéité, de facilité et de distraction permanente. Comme le souligne Xavier de La Porte (cf. cet article), la nouvelle fracture numérique n’est plus située entre ceux qui ont accès à internet et ceux qui ne l’ont pas mais entre ceux qui savent définir un cadre raisonnable pour son utilisation à leurs enfants et ceux qui n’y parviennent pas. Elle est désormais entre ceux qui utilisent massivement le numérique à des fins de consommation passive et de divertissement et ceux qui en ont un usage créatif et éducatif. La fracture numérique prend une autre forme, celui du “temps gaspillé“, estime-t-il à juste titre. Les écrans sont en effet chronophages et addictifs. Il est important que les enfants ne soient pas connectés trop jeunes.
Cela ne signifie pas que mes propres enfants (en maternelle et en primaire) ne les utilisent jamais mais toujours accompagnés. Et ce même si les produits technologiques semblent donner une apparente autonomie aux enfants. Il y a des usages qui sont merveilleux : écouter avec un lecteur multimédia des dizaines d’histoires empruntées à la bibliothèque (pour familiariser les tout-petits avec une syntaxe complexe, un vocabulaire riche et varié, pour leur procurer une culture et leur donner envie de lire), regarder ensemble des grands films que l’on choisit, ou encore s’amuser à fabriquer des animations ou des films en stop-motion par exemple.
Mais à l’inverse je m’inquiète de la généralisation des ordinateurs dans la chambre des enfants. Idem pour les réseaux sociaux ou les téléphones portables prématurément confiés à des enfants. Toutes choses qui échappent par nature à la supervision parentale.
D’ailleurs à ce sujet, personne n’a vraiment réfléchi à l’usage des portables à l’école et à ses implications. On a subi le phénomène. Or à quoi peut bien servir un portable à l’école ? A rien ! Un portable porte même atteinte à la scolarité de l’élève. Je songe à ce parent inquiet face aux résultats de son fils en chute libre : son fils en 4ème venait de recevoir un smartphone et passait son temps à envoyer des SMS pendant les cours, voire à téléphoner.
Enfin, autant en histoire-géographie par exemple ou dans des disciplines utilisant régulièrement des documents visuels ou sonores, je pense que le numérique peut apporter beaucoup, autant en lettres, le texte doit rester central.
Ce qui ne m’empêche pas d’avoir par exemple créé un site et forum réservé à mes lycéens pour prolonger le cours, où je mets à disposition des ressources et des questionnaires en ligne autour d’une œuvre pour qu’ils puissent tester leur compréhension et leurs connaissances. Mais malheureusement j’observe pragmatiquement que ce dispositif ne favorise que ceux qui s’intéressent déjà à la discipline et ne fait pas particulièrement progresser les autres.
Que peut-on faire ? Quelles réformes urgentes feriez-vous si vous étiez nommé conseiller technique au ministère de l’Éducation ?
Je pense qu’il est temps de revenir aux fondamentaux, à la maîtrise de la langue française, d’éviter de se disperser. Par exemple, je m’élève contre le numérique ou l’anglais au primaire (tel qu’il est enseigné actuellement) : une perte de temps et d’énergie.
Je suis également contre les « enseignements exploratoires » ou les faux « accompagnements personnalisés » au lycée qui concurrencent les options et les disciplines mais obéissent à une logique de zapping.
Je défends vivement la liberté pédagogique des professeurs et me méfie du travail en équipes qu’on veut nous imposer sous de multiples formes. Un bon professeur est avant tout celui qui fait de bons cours : il est urgent de restaurer la confiance en l’enseignant.
Je pense qu’il faut revenir à des choses de bon sens, se recentrer sur l’essentiel dès le plus jeune âge.
Nous sommes allés beaucoup trop loin avec l’enfant « au centre du système » : bien sûr que l’enfant est au centre de l’école ! Mais, poussé à l’extrême, c’est un modèle qui réduit à néant l’autorité professorale. J’ai à ce sujet des dizaines et des dizaines d’anecdotes ahurissantes qui démontrent l’actuelle impuissance des enseignants. Tout est fait dans un établissement scolaire pour éviter qu’un élève ne soit sanctionné. La fraude elle-même est tolérée… J’ai le net sentiment que les chefs d’établissement ont désormais pour vocation d’éviter les vagues. Nous avons trop souvent l’impression – en tant que professeurs – d’un abandon de la part de notre hiérarchie et d’un manque de soutien de la part des parents. Je veillerais à ce que proviseurs et principaux soient recrutés pour leur capacité à restaurer l’ordre et la discipline.
Nous sommes dans un monde confus où les repères générationnels sont brouillés : les enfants sont des adultes, avec les mêmes droits (pourquoi n’aurais-je pas un portable, un ordinateur, alors que les adultes en ont un ?) et à l’inverse les adultes se comportent parfois comme des enfants. Les rapports sont de moins en moins contractualisés et hiérarchisés et les parents semblent très souvent dépassés eux-mêmes : or, pour que la famille ou l’école fonctionne, chacun doit sereinement retrouver la place qui est la sienne.
Enfin, de façon plus générale, le système éducatif est profondément inégalitaire. La reproduction sociale n’a jamais été aussi importante alors que l’intention initiale était justement démocratique. Je suis favorable à une égalité des chances au départ mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose de vouloir engager toute une génération à avoir le bac (et demain une licence ?). C’est au fond très méprisant envers les métiers ne nécessitant pas une qualification élevée. Il faut rétablir le baccalauréat dans sa dignité et repenser ce que la société attend de l’école. Mais il faut également faire de vrais efforts dans les quartiers défavorisés pour permettre une égalité des chances ayant vraiment un sens, en stabilisant les équipes éducatives par des mesures incitatives et pérennes.
Quel est votre avis concernant la formation des profs ?
Il y a eu un véritable matraquage idéologique pendant des décennies (je l’ai moi-même subi comme je vous le disais au début !). Au sein des IUFM, les formateurs étaient le plus souvent coupés de la réalité à force de ne plus enseigner depuis des années. A réfléchir à la seule pédagogie, on en oublie les élèves ! Sans compter certaines exigences consternantes, telle que la nécessité désormais pour enseigner d’être titulaire d’une certification en informatique, comme si un bon professeur était nécessairement un professeur capable de se connecter à Internet.
Dans quel état d’esprit êtes-vous après 14 ans d’enseignement ?
Je ressens une grande tristesse par rapport à l’école envers laquelle j’estime avoir à titre personnel une immense dette. Ce que j’ai reçu de l’école, je veux le donner à mon tour.
Ma manière à moi d’agir, de combattre, c’est mon blog. Il me sert de veille informationnelle et de laboratoire pour mettre en forme ma pensée. Bien sûr je suis conscient qu’il touche essentiellement les personnes déjà convaincues.
Je pense que le métier de prof est profondément malmené. Beaucoup de profs sont défaits, anesthésiés et ont renoncé à lutter. La paupérisation des enseignants y a sans doute sa part.
Mais je continue à y croire, à me battre ! Car je reste profondément attaché à l’école républicaine.
Merci pour ce témoignage. Je fais sans aucun doute partie des convaincus : certaines phrases disent très bien ce que je ressens en tant que mère ou enseignante. Oser être exigeant n’est pas toujours facile, mais c’est pour moi une façon de montrer à mes enfants ou mes étudiants la confiance que je leur fais.
@ Foubert : entièrement d’accord ! J’ai vraiment du mal à me résoudre à ce « sabotage » de l’enseignement du français…Cela me fait plaisir de savoir que nous sommes plusieurs (même si peu entendus !) à penser ainsi. Le français est une langue exigeante, j’en conviens…mais tellement riche ! Quel dommage que l’on nous donne pas à nos enfants les moyens de la maîtriser…Et dans les autres matières, il y aurait également beaucoup de choses à dire.
Quand la forme n’est pas bonne, on ne prête pas attention au fond. La base de la forme est d’écrire en bon français.
Voici une belle interview, qui tout à la fois fait peur et rassure. Elle fait peur car notre éducation nationale est endoctrinée par la « bien-pensance » de mai 68 et je ne vois pas comment nous en sortir. Elle rassure car certaines voix s’élèvent pour dire que l’on va dans le mur.
L’éducation nationale nous a fabriqué une génération de cancres et nous crie haut et fort que ce n’est pas sa faute mais bien par manque de budget. Retournons aux bases, apprenons à nos enfants à lire et à compter.
@ Gur : merci pour ton commentaire ! oui, revenons à l’essentiel (en ré-augmentant les heures de cours de français et de maths en primaire), au bon sens, aux exercices de base (parfois ingrats mais ô combien nécessaires)…Et espérons qu’un jour, enfin, les idéologues laissent la place à des personnes raisonnables et investies comme Loys 🙂
Merci pour cette interview de grande qualité, très intéressante.
J’avais écrit un jour ce billet http://www.8alamaison.com/le-groupe-nominal-en-5eme-un-vrai-challenge/ tellement je suis scotchée par la manière dont les fondamentaux sont enseignés à nos enfants.
Tant mieux pour les enfants dont les parents sont là pour expliquer, traduire, rassurer, encourager.
Pour les autres, comment peuvent-ils s’en sortir?
Aujourd’hui, résister c’est dire non au portable pour les enfants jusqu’à l’entrée au lycée, ne pas autoriser l’ordi dans les chambres, jouer avec les enfants plutôt que de déléguer la mission à des jeux vidéos addictifs etc. et passer pour un parent totalement hors circuit
Merci encore
@ Cécile :merci pour ton commentaire. Je me souviens de ton billet ! 🙂 (qui rejoint totalement ce que dit Loys à propos de la terminologie grammaticale). Comme toi, je pense que ce système est profondément inégalitaire. Lorsque l’on voit l’explosion des cours particuliers et des organismes tels qu’Acad….and co, on comprend vite que le système ne tourne plus rond. D’un côté, une pression terrible et de l’autre, des lacunes immenses…
Comme tu le soulignes, tant mieux pour les enfants dont les parents ont le temps, l’envie, le courage, les moyens… de les accompagner.
Mais je ne compte pas totalement capituler :-). Comme toi, nous résistons à l’ordi dans la chambre, au portable avant le lycée, etc. même s’ils ont accès bien évidemment au numérique, aux jeux vidéos (mais temps limité, coup d’oeil pour voir les sites visités,etc.).
Et de temps en temps, une petite dictée !
Article, ô combien passionnant tout autant qu’inquiétant. Je ne sais pas si M. Bonod viendra consulter les commentaires mais j’ai deux questions pour lui :
– comme enseignant, a-t-il le sentiment d’être un Don Quichotte pour mener ce combat ou a-t-il le soutien de familles et d’autres enseignants. Comment explique-t-il que rien ne change si cette prise de conscience est réelle?
– il me semble qu’une des missions essentielles de l’EN est de développer l’esprit critique chez nos bambins. L’analyse qu’il livre nous éloigne énormément de cet objectif. Quelles solutions propose-t-il pour inverser la tendance?
@Gus Il y a des résistants, enseignants et parents, et ils sont nombreux, plus qu’on ne l’imagine. Certains parents comprennent que quelque chose ne tourne pas rond dans l’école d’aujourd’hui : je leur conseille vivement de lire le dernier manifeste de certaines fédérations de parents d’élèves proches de certains syndicats enseignants favorables aux nouvelles pédagogies et d’agir ! http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20120927.AFP0276/la-fcpe-veut-arreter-les-notes-avant-le-lycee-les-devoirs-et-le-redoublement.html
@Loys : oui, je suis entièrement d’accord, de telles réformes sont inquiétantes, mais la FCPE et consorts semblent largement majoritaires, ou tout au moins sont, elles, autour de la table des négociations. Comme parents, nous avons le sentiment de ne pas être entendus. Pire encore, nous en arrivons bien souvent à ne plus oser faire des remarques, les « pédagogues » ne souffrant pas la contradiction de leurs compétences et les autres parents n’osant pas soutenir des propos aux connotations vite stigmatisées comme conservatrices, voire réactionnaires, à tout le moins d’une époque révolue. Et ce, y compris dans le privé. Merci, donc, pour votre voix, qui porte la nôtre. La médiatisation de « votre expérience » aura permis mettre en avant une des facettes du problème. N’hésitez pas à reproduire l’expérience. Salutations.
comment ne pas réagir à votre article, je suis maman d’ une petite fille scolarisée en ce1, avec une instit qui rédige des mots danns le cahier de liaison bourrés de fautes ou qui corrige des énnocé ou des phrases des enfants qui sont justes à l’ origine!!! de plus on apprend pas des leçons de conjugaison de grammaire ou d’ orthographe mais de gram, de conj ou d’ ort,je me rends bien compte que les bases ne sont pas transmises, comment un enfant de 11 ans peut savoir écrire correctement si dès le plus jeune âge on apprend en abrégé et que dire du goût de l’ effort, pour moi au lieu de rendre service aux enfants qui n’ ont pas la chance d’ avoir les parents derrière, on creuse les différence, c’ est navrant, bon courage à vous pour maintenir le cap et distiller les bonnes pratiques,ça vaut le coup!!
@ Fanny : merci pour votre commentaire. Les instituteurs (ou institutrices) qui font des fautes, je n’en ai heureusement pas croisés beaucoup (cela a pu arriver à quelques occasions…mais qui n’en fait jamais ?) mais si celle de mes enfants en faisait régulièrement, je serai tout aussi inquiète que vous !
Je considère également que les bases ne sont pas très solides car pas suffisamment répétées, approfondies. Ce n’est pas une dictée tous les deux mois (souvent préparée d’ailleurs !) qui va permettre à l’élève d’acquérir de bons réflexes en orthographe et en compréhension grammaticale. C’est à force de répétition, d’efforts que les règles finissent pas être durablement assimilées.
Enfin, concernant le fait que les différences se creusent de jour en jour, je suis complètement d’accord.
Belle interview, et je suis totalement d’accord avec tout ce qui s’est déjà dit. Bien que je ne sois pas enseignante et pas encore mère, mais habituée aux nouvelles technologies, je compte bien me battre, pour mes futurs enfants, contre l’ordinateur ou la TV dans la chambre et surtout contre l’abandon dont fait preuve notre société. Car c’est bien d’abandon à la facilité dont il s’agit. Mais qu’est ce que cela fait du bien de voir que nous ne sommes seuls à se penser raisonnables et que d’autres voix se lèvent petit à petit contre cette façon d’enseigner.
@Bug Neurone : bienvenue ici et merci pour votre commentaire ! Je suis d’accord, il s’agit bel et bien d’un abandon…Abandon de la rigueur, de l’exigence, de l’orthographe. A mon petit niveau, j’essaye de résister et je suis heureuse de savoir qu’un peu partout, d’autres agissent de même. Mais c’est difficile ! Car il est effectivement plus facile et parfois bien tentant de céder, de capituler…
je suis moi aussi consternée parfois par cette façon « moderne » d’enseigner.
Merci et bravo aux profs qui savent résister et à ceux qui relaient leur opinion.
@ Angélique : merci pour ton commentaire et ton soutien ! ces façon « modernes » d’enseigner ont malheureusement prouvé leur inefficacité et expliquent partiellement la baisse du niveau des élèves. Revenons à des choses simples, de bon sens, certes exigeantes, mais utiles, très utiles !!
Merci pour cet article, cela fait mal de cotoyer le désastre du mode d’éducation »moderne » que l’on a beaucoup de mal a suivre au quotidien et qui « tient les parents à distance car nous sommes bien souvent considerés comme des « indésirables » et non comme des partenaires de l’éducation de nos enfants et cela est bien dommage.
Je veux vraiment encourager ce professeur qui veut encore se battre contre ce système tellement lourd.
@ Pascale : je n’irai pas jusqu’à dire que les parents sont considérés comme « indésirables » car il existe des lieux et des possibilités de rencontres et d’échanges…en revanche, j’ai parfois l’impression que si nous avons le droit de nous exprimer, de dire ce qui nous surprend, nous inquiète, nos paroles et nos réflexions n’ont pas beaucoup d’impact ! Par exemple, il y a quelques années, j’avais dit à l’institutrice de CP de ma fille lors d’une réunion avec tous les parents, que je regrettais vivement qu’il n’y ait pas de poésie apprendre. Elle m’avait répliqué que c’était pour ne pas défavoriser les enfants dont les parents ne pouvaient pas aider leurs enfants à l’apprendre…Bref, mon avis (partagé par plusieurs parents) n’avait absolument pas été pris en compte. Et j’ai pas mal d’exemples de ce genre. Mais au moins, cela me fait du bien de pouvoir dire tout haut ce que je pense ! Et également de dire lorsque les méthodes me plaisent 🙂
Mille fois d’accord avec ce que dit M. Loys Bonod (enseignement du français, portable
Cela en est même troublant quand on sait je suis enseignant de Lettres Classiques et que j’étais à l’IUFM en 1999, moi aussi.
Cela dit j’avais pu faire un mémoire sur l’apprentissage du vocabulaire : un sujet polémique en pleine tourmente de la valorisation du rien à tout va.
Tout comme M. Bonod, j’aime la lutte poétique qui va au plus profond des choses. J’ai co-écrit un livre avec une collègue : Dictionerfs du Collège commun et des colères universelles…, éditions La Ville brûle, 2012
Je vous laisse quelques liens :
1) présentation du livre par l’éditeur (extraits et préface)
http://www.lavillebrule.com/fr/dictionerfs_du_college_commun_et_des_coleres_universelles
2) sinon depuis la sortie du livre paraissent des inédits :
http://collectiflessaules.wordpress.com
Tiens nous avons le même hébergeur que M. Bonod. S’il passe par ici qu’il soit remercié pour son discours.
Je partage complètement votre avis et j’ai envoyé votre article à mes deux fils qui sont professeurs de mathématiques et parents d’élèves. Je souffre de voir notre langue mutilée, méprisée. Comment penser correctement sans la maîtrise des bases grammaticales, sans une orthographe qui est beaucoup moins arbitraire qu’on veut bien le dire ? Quelle confusion dans les esprits !
Bien que professeur de sciences (biotechnologies) je ne peux qu’approuver les propos lus par un collègue de français…
Ses propos sur la langue peuvent, sans aucun problème, être transcrits en mathématique et autres sciences. Zapping, programmes absurdes, pas de volonté de faire apprendre des notions de base aux élèves, pas de recherche d’efforts, évaluations absurdes et malhonnêtes (on ne veut pas dire à un élève qu’il n’est pas au niveau)… La situation du système est catastrophique et il va être difficile de revenir en arrière : les nouveaux collègues qui arrivent sont aussi les fruits su système !
La « régression » du niveau n’est pas seulement visible pour le Français. Étant d’une famille nombreuse (l’ainée), j’ai pu voir qu’elles étaient les évolutions de l’enseignement. Sur une période de 10 ans, la Seconde générale telle que je l’ai connue n’avait plus rien à voir avec aujourd’hui, de même que pour la Terminale. J’ai l’impression qu’il y a du prémâchée dans l’apprentissage, moins exigeant pour ne pas dire plus facile qu’à mon époque.
Enseignante en lettres classiques également, et entièrement d’accord avec votre article ! Merci.
Il fait froid et je reste (un peu) au chaud, en ce dimanche matin. Je tombe ( j’ai 20 ans devant moi) sur vos propos. Puis-je être direct, jeune homme/Monsieur. Vous ètes ringard. Pour être direct, je vous ramène aux doigts groupés pour recevoir « la règle »..Je ne sais pas si je dois vous parler en thèse-antithèse-synthèse ou en systémie..En structuralisme ou en phéminologie..Je n’ai même pas envie de plancher sur votre litanie. Peut-être voudrais-je dire que la Raison des lumières est passée….Au lieu de gémir, nous attendons de vous une nouvelle encyclopédie.. Qu’importe la règle, le but du jeu est un essai d’absence de violence. De Viol-ence..De respect d’Autrui. Au lieu du blog, parlez avec vos « enfants » de votre désir d’autorité. Donnez leur un orient. Ces enfants choisirons. Ils savent. Pardonnez moi, cette agression.DO IT.
Monsieur, vous êtes la preuve que des révisions en orthographe s’imposent pour pas mal de gens !
Je n’ai pas fait d’études de lettres et suis donc mal placé pour donner des leçons en la matière. Je dresse simplement le constat suivant : rédacteur en chef à la télévision – le média qui informe 80 % de la population avec moins de deux cents mots de vocabulaire – je suis consterné par le niveau des journalistes que je côtoie. Deux cents mots, c’est encore beaucoup trop pour eux si l’on espère de leur part une phrase de plus de dix mots sans fautes – et je revendique le « s » à fautes.
Je doute que ces réformes aient été pensées pour le bien des élèves. Il me semble que l’on a volontairement baissé le niveau d’exigence pour deux raisons : primo, pourvoir donner le Bac à 80 % d’une classe d’âge ; secundo, masquer le niveau de recrutement lui-même de plus en plus catastrophique des enseignants – les livrets de mes enfants solarisés en maternelle et primaire sont édifiants.
PS : si 90% des journalistes ne font plus les liaisons sur les nombres, par exemple, c’est juste parce qu’ils sont INCAPABLES de les écrire correctement ; et pas un n’a l’idée d’aller se renseigner dans un Grévisse…
@Maillebiau: Dire qu’on a 200 mots de vocabulaire est une légende (urbaine) issue du procès de l’affaire Dominici, où Jean Giono parlait de 30-35 mots (http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Dominici).
@Jacques Bolo:
Je ne visais pas le public en évoquant les deux cents mots de vocabulaire de la télévision, mais bien le niveau de français déplorable de la plupart de ses journalistes. Comparez des reportages de l’ORTF à ceux d’aujourd’hui…
« Paradoxalement, les programmes de français au collège et au lycée sont devenus quasiment universitaires. Par exemple, on étudie la “ focalisation ”, alors que c’est une notion que je n’avais moi-même abordée qu’en licence de lettres… »
En fait, c’est simplement ça le pb : on veut enseigner les dernières nouveautés avant les bases. J’ai connu ça avec l’introduction des maths modernes, après 1968, qui n’étaient pas destinées à l’initiation aux maths.
(voir par exemple: http://www.exergue.com/h/2006-12/tt/methode-globale.html)
Tout d’abord, je souhaite la bienvenue aux lecteurs de Rue89 qui arrivent sur ce blog !
Un grand merci à tous pour vos réactions. Je suis heureuse que les propos de Loys Bonod soient lus et commentés par un grand nombre de personnes. Il est important que chacun puisse s’exprimer et donner son avis par rapport aux évolutions que connait l’Education nationale.
En tant que parent de 3 enfants, je ne peux malheureusement que constater que le niveau et le degré d’exigence ont beaucoup baissé par rapport à ma propre scolarité. Je souhaiterais que ces sujets soient abordés de façon moins idéologique mais avec davantage de bon sens et de rigueur.
En dehors de l’orthographe et de l’enseignement en français, qui me tiennent particulièrement à coeur, Loys Bonod aborde d’autres sujets qui me semblent très importants (place et usage du numérique à l’école, inégalités croissantes, autorité de l’adulte, limites de l’enfant au centre du système, formation des enseignants…)
Je suis ravie de vous lire en tout cas !
Je vis en Acadie (Canada), et le niveau de français est catastrophique.
On retrouve dans les tendances que vous évoquez dans votre article des choses déjà bien établies ici.
Vous me donnez l’impression d’être « en retard » sur ce qui se passe en Amérique du nord…je crains le pire.
Bon
si l’on comprend bien Loys Bonod, nous aurions eu autrefois (on ne sait pas trop quand, au juste) un système éducatif parfait où tous les élèves auraient réussi, jusqu’au moment où, comme ça, on aurait décidé de « casser » (c’est lui qui le dit) , par pur vandalisme, par plaisir, ce qui marchait si bien.
Le problème, c’est qu’il n’apporte pas le moindre début de preuve à ses affirmations : un élève de 3ème aurait donc le niveau d’un CM2 d’autrefois. Mais d’où tire-t-il ses évidences ? Sûrement pas des études de l’Insee sur l’illettrisme ou des enquêtes internationales (Pisa et Pirls) ou encore des travaux d’historiens qui, toutes, arrivent à cette conclusion à savoir que, sur de longues périodes, les compétences en lecture ne varient guère.
Consternant d’entendre prétendre que seul le Bled, les leçons à réciter par coeur, les exercices répétitifs, seraient de nature à procurer « un cadre claire et rassurant » aux élèves.
On n’en finirait pas de relever les contrevérités avancées par Loys Bonod : il paraît qu’on aurait « décloisonné » les disciplines, supprimé les notes, qu’on aurait interdit l’orhographe et la grammaire, les dictées et j’en passe. Mais où a-t-il vu cela ? Comment quelqu’un qui, manifestement, n’a jamais mis les pieds en collège peut-il avancer de telles énormités ? Ah, j’allais oublier : si les élèves échouent, c’est parce qu’on a voulu « procurer du plaisir aux élèves », alors qu’il est bien connu qu’on n’apprend bien qu’en pleurant. Mais comment se fait-il alors que, parmi les élèves interrogés dans toute l’Europe, les jeunes Français sont ceux qui souffrent le plus à l’école ?
Et si Loys Bonod avait un peu travaillé son sujet, peut-être se serait-il demandé pourquoi – ce que montrent notamment les enquêtes Insee – les résultats en lecture dépendent d’abord du milieu social des élèves… tout comme autrefois.
L’angle d’attaque de Loys Bonod n’a rien de rationnel, il est purement idéologique, dans la ligne de tous ceux qui, depuis des décennies (à la suite de Sauvez les lettres, Brighelli et consorts ) n’ont jamais accepté une évolution majeure, initiée dans les années 60 et qui a ouvert les portes du secondaire à tous les élèves et non plus seulement aux seuls enfants issus des milieux favorisés comme c’était le cas jusque là. Effectivement, lorsque les enfants des milieux défavorisés partaient tous en apprentissage à 14 ans, la question du « niveau » des élèves ne se posait guère.
Loys Bonod n’est pas un inconnu : il s’était lourdement déconsidéré il y a quelques mois en cherchant à piéger ses élèves sur internet et en vandalisant Wikipédia. Il e était d’ailleurs très fier. Il se déconsidère à nouveau aujourd’hui avec cet entretien.
@B. Girard:
cool, man. Bien vu.
Votre déni de réalité est tel que vous en venez même à soutenir que je n’ai « jamais mis les pieds au collège » ! Difficile d’échanger dans ces conditions…
Aujourd’hui est paru le rapport annuel du Haut conseil de l’éducation, lequel « s’inquiète d’un échec scolaire croissant » en France. Mais c’est sans doute encore une « évidence » que j’ai inventée, comme les copies que j’ai mises en ligne.
@L. Bonod
Sauf que les chiffres avancés par le HCE ne montrent en rien cette fameuse « baisse de niveau » et que ce qui est mis en cause tourne autour de la faiblesse des crédits alloués au primaire. Il est d’ailleurs piquant de considérer que nous sortons d’une période de dix ans où tous les ministres de l’EN sans exception se sont faits les avocats des « bonnes vieilles méthodes ». Si dégradation il y a, il est mal venu d’en accuser Meirieu.
La réforme du lycée, l’enseignement par compétences, les langues étrangères en primaire, la promotion du numérique à l’école etc., c’est la continuation des « bonnes vieilles méthodes » ?
Puisque vous évoquez ce rapport du HCE à l’appui de votre thèse, le mieux c’est encore de le lire :
http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/121.pdf
Les préconisations du Conseil vont toutes dans le sens opposé à ce que vous avez avancé :
– clarifier le socle commun ;
– articuler plus étroitement le primaire et le collège ;
– décloisonner les disciplines ;
– trouver d’autres solutions que le redoublement ;
– former les professeurs d’aujourd’hui pour les élèves de demain (et non les élèves d’hier) ;
– ouvrir l’école à la société numérique ;
– redonner goût à l’école ;
– donner l’envie de savoir et le désir d’apprendre ;
– trouver d’autres méthodes d’évaluation que les notes ;
Je sais.
@Loys: je n’aimerais pas vous avoir comme fils, Monsieur, vous n’ètes pas dans l’altérite. Bonne chance.
@ B. Girard : comment pouvez-vous nier que le niveau en orthographe des jeunes a dramatiquement chuté ?
En tant que parent de 3 enfants (collège, primaire), je ne peux que constater la baisse de niveau. Il me suffit de comparer mes cahiers de primaire (que mes parents avaient gardés !) et les leurs. Cela n’est pas très étonnant lorsque je vois le peu de dictées ou d’analyse grammaticale qu’ils font. Eh oui, je ne vois pas comment on peut apprendre à écrire correctement le français si on n’apprend pas les règles de grammaire et l’orthographe des mots…
Je n’ai pas dit qu’apprendre toutes ces règles étaient une partie de plaisir mais elles sont nécessaires si on veut maîtriser la langue française.
Je remercie mes instituteurs de m’avoir appris à écrire correctement, d’avoir été exigeants, et ensuite mes professeurs de français de m’avoir donné le goût des dissertations et de la lecture…
En tout cas, je suis très heureuse d’avoir donné la parole à Loys Bonod et d’avoir pu donner un certain écho à ses idées et convictions que je partage très largement.
@Gaëlle:
Je partage totalement votre point de vue sur l’exigence que nécessite l’orthographe et ne reviendrai pas sur ce point. Mais il me semble aussi que ces règles fondamentales, pour lesquelles il faut effectivement passer par le « par coeur », aident aussi les jeunes à structurer leur esprit et leur pensée. Ne leur permettent-elles pas de développer une approche logique et structurée? Je ne suis pas pédagogue, et resterai donc sur des interrogations. Mais il me semble, comme le dit Loys Bonod, que l’on inverse un peu les enseignements en voulant faire une pédagogie qui repose sur le décloisonnement des disciplines, la compréhension sans avoir besoin d’apprendre (les deux ne vont-ils pas de pair?), les initier au numérique qui, sans recul et esprit critique, peut être une terrible source de désinformation éducative.
Je suis frappé par les réactions des parents qui ont commenté ce billet ici ou sur rue89, globalement très en phase avec l’approche de M. Bonod. Serions nous tous incapables de comprendre le bien-fondé des méthodes éducatives que dasnois et B. Girard ne peuvent pas nier ne pas être efficaces (cf rapport HCE pour lequel nous sommes d’accord sur le constat mais pas sur les solutions qui sont dans la continuité de ce qui se fait) ?
Il suffit encore une fois d’être parents pour s’en rendre compte, de comparer entre les devoirs que nous avions à notre époque et ce que l’on demande aujourd’hui à nos enfants. Une anecdote me revient qui m’a été donnée par une amie il y a à peine deux semaines. Deux élèves de troisième d’établissements différents reçoivent durant leurs vacances une dissertation à faire. Pour le premier le sujet est : »Racontez votre meilleur souvenir de vacances » et pour le deuxième : « Sans conscience du passé, il est impossible d’avoir un avenir ». Quel écart! Peut-être le deuxième sujet est-il également un peu compliqué pour un élève de troisième, mais le niveau de réflexion qu’il impose sera bien plus utile au développement de ce jeune. On pourrait toutefois se réjouir que certains établissements donnent de tels sujets et être rassuré… Malheureusement il s’agit d’un établissement hors contrat!!! Et c’est là, je trouve que l’on crée de vrais inégalités, car ces établissements attirent de plus en plus de parents, mais ne sont accessibles qu’à une minorité. Est-ce vraiment cela l’idéal de l’école de la République de M; Girard. Donc, oui, je soutiens de toutes mes forces, comme parent, l’action de M. Bonod parce que je ne vois pas son « expérience » comme un piège humiliant pour ses élèves ni comme une volonté de vandaliser le sacro-saint Wikipédia, mais comme un réel engagement pour faire bouger les choses à travers des démonstrations fortes. Le discours idéologique ne me semble pas être de son côté. Il ne suffit pas d’affirmer de manière péremptoire et visiblement erronée qu’il n’a jamais mis les pieds dans un collège pour être crédible. Car, nous autres parents, voyons parfaitement que nos enfants ne font effectivement plus de dictée ou très peu, que les devoirs ne prennent plus en compte l’orthographe qui n’est finalement appréciée que lors de ses rares dictées. En vous lisant, M. Girard, je ne sais pas bien qui est le plus éloigné des réalités. Votre intervention serait drôle si elle n’était pas désolante. Au moins fait-elle vivre le débat.
@Gaelle
Vous évoquez vos trois enfants, ce qui est parfaitement respectable mais vous n’ignorez pas que les élèves sont au nombre de 12 millions.
Je vous ai cité mes sources, vous et L. Bonod n’en donnez aucune, c’est quand même gênant pour la qualité du débat : les notes d’information de la DEPP, les études de l’INSEE, les comparaisons internationales vont toutes dans le même sens, encore faut-il les lire. Aucune ne parle de « baisse de niveau », aucune ne se permet d’avancer qu’un élève de 3ème aurait le « niveau » d’un CM2, aucune, surtout ne sombre dans le ridicule qui consisterait à mettre les difficultés des élèves en relation avec on ne sait trop quelle faillite de « méthodes nouvelles ». Vous retrouverez facilement sur le site de l’INSEE les enquêtes, appuyées par une méthodologie précise, montrant qu’aujourd’hui, les plus de 55 ans ont plus de difficultés de lecture que les 15-25 ans. Tous les auteurs s’accordent à reconnaître que ces dernières années ont vu s’aggraver les difficultés non pas de toute la population scolaire mais des élèves qui concentrent le plus de problèmes sociaux, comme c’était le cas autrefois, à une époque où l’illettrisme et le manque d’instruction des classes populaires ne faisaient pas problème.
Ce qui est effarant dans dans les propos de L . Bonod – il ne s’agit pas d’une analyse – c’est, outre l’absence de sources, son ignorance totale de ce qui s’est fait en collège ces dernières années, et l’incapacité à replacer les choses dans une perspective longue. Les historiens de l’éducation , mais là encore, excusez-moi d’insister, il faut les lire, ne disent rien d’autre : lorsque la scolarité était obligatoire jusqu’à 13 ou 14 ans, on ne parlait pas d’échec scolaire. Et pourtant, quand moins d’un élève sur deux, arrivé à 14 ans, décrochait le certificat d’études, quel était le « niveau » général de tous les autres ? Ce que les laudateurs de l’école en blouse grise n’ont jamais accepté, c’est la démocratisation de l’enseignement entrepris après 1945 et surtout dans les années 60 qui a ouvert la voix des études secondaires à tous. Le discours de L. Bonod est socialement et politiquement conservateur, c’est son droit mais il faut le reconnaître comme tel.
Pour ceux qui voudraient bien connaître les problématiques et les débats actuels sur le sujet – car les invectives et les propos à l’emporte-pièces, ni même les témoignages individuels, ne font pas un débat – je laisse un lien vers un récent numéro des Cahiers pédagogiques sur la maîtrise de la langue :
http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article7786
Ah … Les Cahiers Pédagogiques, nous y voilà ! Je comprends mieux votre déni de réalité. C’est bien que vous évoquiez la « qualité du débat » après avoir mis en doute que j’aie pu enseigné au collège. A ce sujet, si vous aviez lu convenablement l’article de Gaëlle Picut, vous auriez même pu consulter des copies d’élèves qui contredisent quelque peu vos études « qui vont toutes dans le même sens ».
En 2012 vous pouvez lire aussi ce communiqué du Ministère : « La maîtrise de l’orthographe est un enjeu majeur pour la réussite des élèves et a un impact significatif sur la maîtrise globale de la langue française. Or, les résultats des élèves depuis 30 ans ne sont pas satisfaisants comme en atteste l’ensemble des enquêtes récentes publiées sur le sujet. »
Source : http://www.education.gouv.fr/cid59873/refonder-l-enseignement-de-l-orthographe-a-l-ecole.html
Bien sûr que tous les élèves n’obtenaient pas le certificat d’études puisque le collège n’était pas unique. Mais pour la maîtrise de la langue, l’école primaire obligatoire réussissait ce que même le collège aujourd’hui ne parvient plus à réussir .
« […] montrer à quel point la maîtrise de l’orthographe était importante pour ne pas être déclassé ou discriminé socialement. »
La recherche d’un employé a eu un énorme succès : 570 candidatures ! Le chef du personnel se gratte la tête : comment faire le tri ? Il parcourt quelques lettres et CV et décide de donner la travail à sa secrétaire. Sa mission : mettre à la corbeille un envoi quand elle rencontre la troisième faute. Il restera seulement 70 candidatures parmi lesquelles on fera le choix de la personne recrutée… C’était en 2006 ou 2007 pour un emploi de chargé de communication.
Il y a beaucoup d’agressivité dans certaines réponses et c’est dommage.
Que le niveau baisse ou monte n’est pas réellement mesuré et mesurable. Chacun sait que chaque génération trouve que la suivante est nulle et cela depuis les Grecs.
Il me semble donc sain de se concentrer sur les problèmes rencontrés sans penser que tout allait mieux avant.
Première difficulté : l’orthographe
Quoiqu’en pensent certains, il est clair que les jeunes, y compris professeurs de la trentaine, n’ont pas le regard intégriste d’antan en orthographe. Mes collègues font un nombre considérable de fautes ! Et cela m’arrive aussi malgré l’expérience. Quant aux élèves, c’est généralement pire.
Le problème est que l’apprentissage d’une orthographe, souvent absurde et sans vraies règles, impose un rabâchage constant, un apprentissage long et répété, de nombreuses lectures. Il serait bon de s’interroger sur la nécessité de procéder à un sérieux toilettage (toilétage) de la langue pour éliminer les incohérences qui conduisent, vu la faiblesse des apprentissages, au désastre actuel. Sinon il va falloir bécherelliser un peu plus que maintenant.
Deuxième difficulté : l’expression française.
Je corrige de nombreux rapports de …BTS. Quand il ne s’agit pas de recopiage, les étudiants s’expriment le plus souvent dans des phrases sans cohérence : c’est encore plus grave que l’orthographe car il arrive trop fréquemment que nous soyons incapables de comprendre ce qu’ils veulent dire ! Or, ces étudiants ont le bac, et auront probablement le BTS pour nombre d’entre-eux. Il y a donc un déficit majeur dans les années qui précèdent, depuis le primaire : les apprentissages de l’écriture sont négligés, les efforts nécessaires pour écrire ne sont pas fournis, leurs productions ne sont pas corrigées avec assez de rigueur, ils ne sont pas toujours aidés par leurs parents…
Troisième difficulté : les mathématiques et la conceptualisation
Demander à un élève de lycée ou un étudiant de BTS de déterminer la longueur d’un objet en lui donnant une échelle, ce qui est d’un niveau CM2 me semble-t-il, conduit malheureusement à un échec généralisé (sauf chez quelques élèves pas forcément privilégiés). Est-ce normal ? On peut répondre que nous recevons tous les élèves sans tri mais quand même !
Quatrième difficulté : l’hétérogénéité
Dans une classe quelconque (de 1ère dans mon cas), les niveaux sont de 1 à 100 (il ne s’agit pas d’une mesure évidemment) ! Entre l’élève studieuse (pourtant beurette de banlieue…) qui écrit en français, sait faire les calculs et les écrire proprement, sait lire les énoncés… et d’autres, ultramajoritaires, incapables de se concentrer, de lire, d’écrire, préoccupés par les nouvelles technologies c’est-à-dire l’envoi de textos, fatigués au point de dormir assis… la gestion de la classe devient difficile ! Les élèves ne sont pas habitués à se concentrer sur la résolution d’un problème même simple : ils zappent devant toute difficulté.
Il me semble donc clair qu’il faut revenir à des apprentissages plus construits que le touche à tout actuel. Il faut rester au niveau des élèves et faire en sorte que les programmes soient un peu plus adaptés à leurs capacités. Ayant participé à des réformes, je peux dire que la recherche de l’affichage et d’un pseudomodernisme est plus importante que l’intérêt des élèves. Il faut sûrement supprimer des heures inutiles comme l' »AP » (accompagnement personnalisé à 30) et les remplacer par une autre approche. Il faut aussi mieux utiliser l’ordinateur ce qui suppose que des recherches pédagogiques soient entreprises alors qu’elles ont souvent été enterrées ou laisser au bénévolat de quelques professeurs… Ne pas négliger les langues (apprendre l’anglais au primaire, si les enseignants sont compétents, ne me choque pas et peut faciliter l’apprentissage du français). Décloisonner les disciplines n’est pas non plus choquant en soi…
Mais sans une plus grande rigueur dans les apprentissages il ne pourra y avoir de progrès dans notre éducation.
jn joffin
professeur à Saint Denis
Vous m’excuserez pour les fautes de français ! et une analyse partiale et bien incomplète.
@L. Bonod
Que « la maîtrise de la langue soit un enjeu majeur », que « les résultats ne soient pas satisfaisants », qui a prétendu le contraire ? C’est même l’objet de l’engagement des Cahiers pédagogiques depuis 50 ans…
Maintenant, que « l’école primaire obligatoire réussissait mieux » que le collège d’aujourd’hui, il faudrait juste le prouver. Et là, on attend toujours. Le certificat d’études dont vous semblez faire grand cas concernait des élèves âgés de 14 ans, c’est-à-dire l’âge de nos 3èmes d’aujourd’hui. La moitié d’entre eux quittait l’école avant cet âge pour être mis au travail. Sur ce point, le lecteur curieux et honnête pourra toujours se reporter aux historiens de l’éducation (Prost, Chartier et de nombreux autres) qui, eux, connaissent le sujet pour l’avoir travaillé.
Je laisse aussi un lien vers un article de mon blog rendant compte du bouquin de J.-M. Chapoulie ; documents et archives à l’appui, l’auteur montre l’état réel et non fantasmé de l’école avant le collège unique. L’avantage des historiens, c’est qu’ils travaillent sur document et n’ont pas la mémoire courte.
http://journaldecole.canalblog.com/archives/2011/08/22/21842682.html
@Girard : il devient difficile de comparer le niveau de français d’élèves des années 80 et d’aujourd’hui, par exemple. Et ce, pour deux raisons, selon moi.
– En effet, le niveau d’exigence a beaucoup baissé. Il est évident que si l’on demande à des élèves de CM2 ou de 5ème des dictées avec beaucoup moins de difficultés grammaticales qu’autrefois, les chances de réussite sont logiquement plus élevées ! Baisser le niveau des épreuves est une façon efficace d’obtenir des résultats constants…mais cela ne trompe pas grand-monde !
– D’autre part, vous devez le savoir aussi bien que moi : la notation des devoirs est devenue beaucoup plus tolérante (d’ailleurs, ce sont les consignes : « être clément »…) Exemple très concret : un de mes enfants (oui, je sais, je reprends toujours mon exemple personnel mais je suis persuadée que beaucoup d’autres parents pourraient vous dire la même chose) ramène à la maison une rédaction en français notée 14/20 alors qu’il y avait une bonne quinzaine de fautes d’orthographe et une ponctuation défaillante. Pour moi, elle ne méritait pas la moyenne. Je me souviens très bien qu’au collège, j’ai déjà perdu des points de manière significative (voire la moyenne) s’il y avait trop de fautes dans ma copie. Résultat : lors de la dissertation suivante, je me relisais plus attentivement et je veillais non seulement au fond mais également à la forme…
Mais pourquoi ma fille (et les autres élèves) ferait-elle cet effort puisque de toute façon, qu’elle écrive avec ou sans fautes, le résultat est le même ?
@Gaelle
Vous écrivez :
« le niveau d’exigence a beaucoup baissé (…) d’autre part, vous devez le savoir aussi bien que moi : la notation des devoirs est devenue beaucoup plus tolérante ».
Figurez vous que le prof d’histoire-géo en collège qui écrit ces lignes et qui a pas mal d’années derrière lui, ne s’en est encore jamais rendu compte. La note moyenne d’histoire-géo au DNB doit tourner aux alentours de 10/20, ce qui n’est pas le signe d’une particulière « tolérance ».
Mais enfin, puisque votre opinion sur le sujet provient exclusivement de votre expérience personnelle et du témoignage de L. Bonod, c’est que vous avez sans doute raison… Je vous ai orienté vers des travaux, des enquêtes, une abondante littérature sur ce sujet, mais vous n’avez rien répondu là-dessus. Oseriez-vous l’interview d’un homme politique qui vous prétendrait que le chômage est en baisse, sans lui demander quelles sont ses sources ? L’éducation est le seul domaine où les journalistes puissent ce permettre ces fantaisies.
@B. Girard:
J’ai lu avec grand intérêt votre billet dont vous donnez le lien plus bas intitulé : « Echec scolaire : les (mauvaises) leçons du passé ». Vous qui dénoncez l’invective tout en la pratiquant allègrement, vous qui dénoncez la vision idéologique de M. Bonod sans lire tous les commentaires de ce blog ou de rue89 écrits par des parents ou des enseignants qui vont majoritairement dans le même sens (que des idéologues réactionnaires, sans doute), je trouve votre raisonnement quelque peu empreint d’une vision parcellaire, mettant de côté une partie des données. En 1944, époque que vous prenez comme référence pour comparer les résultats entre le BDC et CDE, vous oubliez de mentionner que nous n’étions pas dans l’air du collège et lycée pour tous et donc que ce même CDE avait valeur de concours. Donc il fallait sélectionner les élèves pour déterminer ceux qui pouvaient continuer leurs études et ceux qui devaient aller travailler. Je n’ai aucune nostalgie pour cette époque, je devance votre réponse, car j’ai cru remarquer chez vous cette tendance assez facile à cataloguer les gens de passéistes dès lors que l’on ne partage pas votre avis. Vous reconnaitrez, j’espère, aisément que les enjeux du BDC ne sont plus les mêmes, ni l’émulation des jeunes pour passer cette épreuve. Quand on veut envoyer 80% d’une classe d’âge au baccalauréat, il ne s’agit pas d’être trop regardant sur l’épreuve de troisième. Les chiffres donnés dans un argumentaire n’ont de valeur autre qu’idéologique que si on les situe précisément dans leur contexte. Car même en 1965, nous ne sommes qu’au tout début du phénomène de généralisation du collège pour toute une classe d’âge et donc les résultats au CDE ne peuvent pas être probants.
Et puis peut-on vraiment comparer des résultats bruts. Le succès à une épreuve est à la hauteur du niveau auquel on l’évalue. Je vous renvoie alors vers la comparaison du contenu d’épreuves récentes (http://etudes.ados.fr/dossiers/brevet/news.html) à celles de 1960 (j’ai eu beaucoup de mal à en trouver : http://unptitcointranquil.positifforum.com/t2306-le-certificat-d-etudes-primaires) ou encore celles de 1882 (http://www.cg73.fr/archives73/milleans16.pdf). Je vous accorde que ces derniers sujets sont vraiment très éloignés de notre quotidien, il s’agissait juste d’une fantaisie personnelle.
D’ailleurs, la DEP n’a-t-elle pas fait passer en 1995 l’épreuve du CDE des années 30 ou 40 à des élèves du même âge qui a montré que dans de la majorité des matières (exception faite de l’histoire et la rédaction, de mémoire) les résultats des élèves étaient moins bons, voir nettement moins bons pour l’orthographe?
Une dernière question : j’ai cru comprendre que vous étiez enseignant d’histoire géographie, pouvez-vous me dire si vous prenez en compte l’orthographe dans la notation des devoirs que vous donnez à vos élèves? Si non, le faisiez vous il y a quelques années? Si oui, pour quelle raison avoir arrêté cette pratique?
@Gus
Je m’amuse (si l’on peut dire !) à la lecture de la dictée du brevet 2011.
Je la compare avec une dictée de cours élémentaire du Robert et Chazellet 1941.
La panthère.
La panthère a l’air féroce, l’oeil inquiet, le regard cruel; elle a la voix plus forte et plus rauque que le chien irrité; elle a la langue rude et très rouge, les dents fortes et pointues, les ongles aigus et durs, la peu belle, le poil court, la queue marquée de grandes taches noires au-dessus, et d’anneaux noirs et blancs vers l’extrémité.
Je la donnerai en dictée demain à un jeune garçon de troisième que j’essaie d’aider.
Voilà le type même du raisonnement spécieux: mon niveau d’exigence n’a pas baissé, la preuve c’est que je donne les mêmes notes qu’avant! Ou bien c’est le cynisme le plus total, ou bien il vous manque quelques cases dans le cerveau. Choisissez (je penche pour le cynisme qui est la marque de fabrique des fossoyeurs de l’EN depuis mai 68, on sait bien qu’ils roulent pour le grand capital international qui a besoin de populations complètement abruties pour continuer à gagner des milliards).
Qui a prétendu le contraire ? Mais vous-même dans votre premier commentaire… Et je n’ai jamais affirmé que l’école d’autrefois était parfaite ni fait grand cas du certificat d’études. Ce n’est pas non plus en caricaturant grossièrement mon propos que vous gagnerez en crédit.
@B. Girard Parmi les historiens que vous citez, M. Prost a été responsable d’un des syndicats réformistes dont je parle dans l’article. Juge et partie de l’histoire de l’école, en quelque sorte. Il y aurait beaucoup à dire à son sujet : retenons seulement qu’il faisait partie de ceux qui souhaitaient 100% d’une classe d’âge au bac.
Bonjour, je suis entièrement d’accord avec le retour d’expérience de JOFFIN.
Je suis enseignant chercheur en sciences dans une petite université. J’ai 10 ans d’expérience et j’ai déjà dû abaisser trois fois mon niveau d’exigence depuis le début de mes enseignements. Et pas uniquement sur l’aspect scientifique (on fera un débat une autre fois sur les BAC S qui ne connaissent pas leurs tables multiplications ou la règle de trois…). Le français n’est plus maitrisé. Je ne leur demande pas de me citer du Voltaire mais leur maitrise maladroite de la langue ne leur permet même plus d’argumenter correctement dans un rapport ou de lire une consigne de plus d’une page (C’est trop long, ils zappent).
Oui, le français n’est pas une langue facile mais son apprentissage rigoureux construit l’esprit, et pas seulement pour faire des études de lettres.
Je voulais également simplement faire remarquer que les élites s’en sortiront toujours. Le problème c’est ce qu’on fait des autres. Et la proportion des autres devient toujours plus grande alors que pour partie d’entre eux ce sont nos cadres de demain. Il est urgent de redresser la barre en primaire car une fois à l’université nous ne pouvons plus faire grand chose car ils auront eu un système qui ne gratifie pas l’effort.
Solutions : ils en existent des tonnes mais commencer par revenir sur des bases d’apprentissage saines et rigoureuses, sans un recours excessif au numérique et avec un système de notation compréhensible par les parents, me semble un bon début.
Uta.
Effectivement, si on s’appuie sur le taux de réussite, au baccalauréat par exemple, le niveau ne fait que monter. Votre raisonnement est imparable !
Je vois que les « meirieusistes » sont passés à l’attaque !
Tiens bon, Loys, moi je lâche tout l’année prochaine : je monte ma boîte de remise à niveau en orthographe pour les pauvres gens qui ont été laminés par les pédagogos, le marché est immense !
Il y a quelques années, je me suis fait défoncé par une inspectrice parce que je donnais une heure de grammaire par semaine à mes classes. Les parents venaient me voir pour me remercier à la sortie du collège, mais la vieille bique a trouvé que je nuisais aux mouflets. Je lui ai dit d’aller se faire voir et j’ai continué.
Je suis aujourd’hui en lycée, j’enseigne comme au temps de mon grand-père et mes élèves sont plus de 2 points au dessus de la moyenne académique. Mais je n’en peux plus de récupérer tous les ans des gosses qui se demandent encore s’il faut mettre une majuscule au début de chaque phrase.
Des coups d’épée dans l’eau, voilà ce que nous envoyons à longueur d’année.
Bye bye Educ’ Nat’ , je pars faire fortune sur ton champ de ruines !
@David: Hello! Prof d’anglais à 3 ans de la retraite, aimée et appréciée de mes élèves, de leurs familles, de ma direction et de mes collègues. J’ai été inspectée lundi 10.12 et me suis fais laminée par l’inspectrice parce que je me focalisais sur les « faits de langue », mot poli pour éviter le gros mot « grammaire ». Pour elle tout ce que je fais avec mes élèves de seconde est dépassé, anachronique, ne peut pas leur donner le « sens » etc
Après 40 minutes où elle n’a cessé de critiquer point par point les moindres details de mon cours, je me suis levée en lui précisant que j’arrêtais l’entretien!
Ah la petite jouissance quand j’ai vu sa tête.. elle n’arrivait pas à croire qu’un prof osait sonner toute seule la fin de l’inspection!
Je lui ai signifié que, même si mes méthodes n’étaient pas à la mode (les élèves doivent tous seuls inférer …)au moins elles avaient le mérite de faire progresser les élèves, de les rassurer sur leurs difficultés et qu’ils travaillent avec plaisir et intérêt. Et surtout j’arrive à « raccrocher » la plupart des élèves en difficulté…Que demander de plus!
Elle m’a alors dit « Et votre carrière, vous n’y pensez pas? »
Moi « A 3 ans de la retraite, vous voulez rire.. »
Elle » Je vais devoir consigner dans mon rapport que vous avez arrêté l’entretien »
Moi « Faites, j’assume »
Elle , inquiète de voir que j’étais vraiment déterminée à ne pas continuer l’entretien , « Vous ne voulez vraiment pas que je vous parle de vos qualités? »
Moi « Non merci, c’est trop tard. Si je tapais sur mes élèves comme vous venez de le faire avec moi, il est certain qu’aucun d’entre eux ne travaillerait. Après 40 minutes passées avec vous, je n’ai qu’une envie, c’est de quitter le lycée et de ne plus jamais y revenir. Vous imaginez le nombre de familles et d’élèves que j’ai trompé avec mes méthodes dépassées et ma détermination à enseigner, certes en contexte et en adéquation avec des documents qui en portent justement le SENS, la grammaire, pardonnez-moi pour ce gros mot. Sur ce, merci pour vos remarques. Au revoir Madame »
Elle « Au revoir Madame »
Suite à ce moment pénible où mes qualités d’enseignante ont été foulées aux pieds, je me suis sentie partagée entre humiliation et colère.
Je continuerai à travailler avec des méthodes actives, vivantes et qui fonctionnent même si elles ne sont pas à la mode. Chaque cours est pour moi l’occasion d’une remise en question, même à 3 ans de la retraite.
Je ne saurai trop encourager les jeunes collègues à résister aux modes ridicules qui font de nos élèves des légumes.
Bon courage à tous!
Muriel, n’hésitez pas à apporter un tel témoignage sur le forum Neoprofs : vous y trouverez beaucoup de soutien.
@Muriel Taylor.
Effarant témoignage qui montre bien la « doxa » à laquelle se conforment la plupart des inspecteurs de l’éducation nationale : ne rien enseigner ! Et sanctionner les enseignants qui ont le courage de résister.
Merci, et félicitations pour votre courage.
Si tout le monde agissait comme vous, cette lamentable corporation perdrait de sa puissance.
@ Muriel Taylor : merci pour votre témoignage ô combien désespérant…
Quand l’idéologie oublie les élèves…cela est vraiment inquiétant !
Je fais mienne votre phrase de conclusion, en remplaçant « jeunes collègues » par « parent » et je suis très heureuse lorsque l’un de mes enfants a la chance d’avoir un professeur comme vous ou Loys…
Un article à lire sur Le Monde intitulé Alerte sur le niveau de la France en lecture
http://lemonde-educ.blog.lemonde.fr/2012/12/11/alerte-sur-le-niveau-de-la-france-en-lecture/
Je ne commenterai pas plus…! 🙂
@Gaëlle:
Merci pour ce lien.
(Vous remarquerez que, parmi les sites préférentiels du Monde educ se trouve « le café pédagogique », fief du « pédagogisme » pur et dur.)
Malheureusement, je constate que les méthodes d’apprentissage de la lecture à fort départ global gagnent de plus en plus.
Ayez la curiosité d’aller au rayon primaire d’une librairie scolaire : une demi-étagère de méthodes alphabétiques pour 10 des méthodes citées plus bas.
On ne s’étonne plus de se trouver instituteur d’une classe avec presque la moitié de non-lecteurs : c’est le cas de ma fille, institutrice de CE2, avec 12 non lecteurs : ces enfants, qui plus est « Gitans sédentarisés », donc défavorisés au départ, ont eu au CP Abracadalire, méthode « foucambertiste »
Récemment, un sociologue, Jean-Pierre Terrail, ayant une discussion avec Vincent Paillon, lui a fait remarquer qu’on n’avait jamais fait, en France, d’études comparatives sur les résultats obtenus en lecture, par les méthodes alphabétiques et les méthodes utilisées par la grande majorité des instituteurs : mixtes, intégratives, à fort départ global, naturelles, etc.
V. Peillon lui a répondu que ce n’était pas envisagé.
(Article paru dans Télérama)
@Adelaïde : merci beaucoup pour votre commentaire et votre témoignage malheureusement peu rassurant. Je me permets de rajouter le lien vers l’article de Télérama qui pourrait intéresser les lecteurs de ce billet :
Comment sauver l’école ?
Dialogue entre le ministre Vincent Peillon et le sociologue Jean-Pierre Terrail
Bravo pour ce témoignage et le débat qu’il entraîne. Je suis prof de lettres modernes désormais retraitée mais beaucoup d’éléments me concernent. Par exemple: une de mes dernières stagiaires a voulu faire une mémoire constatant le niveau en orthographe de sa classe de seconde et a dû encaisser des commentaires outrés: on ne pouvait pas débuter dans l’enseignement avec un point de vue aussi pessimiste! On ne veut pas savoir s’il reflète la réalité, l’essentiel est de ne pas en parler..
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » dit-on. Mais la réciproque marche aussi: Parvenir à exprimer clairement aide à penser « bien ». C’est bien pour cela que négliger l’enseignement de la langue est une faute majeure car on prive les élèves de l’instrument de la pensée: la langue. Ils ne s’expriment pas seulement mal, ils pensent mal.
Mais bon…. A moins de prendre d’assaut le ministère, aucun décideur n’entendra ce que nous disons, n’est-ce pas?
Globalement d’accord avec le constat de Loys Bonod, j’ajouterai que cette volonté de mettre « l’élève au centre de l’école », de le laisser « progresser à son rythme », a été reçue 5 sur 5 par certaines familles. Instituteur, j’en suis quotidiennement le témoin. Les comportements consuméristes se multiplient, entraînant une mutation sans précédent de l’institution scolaire. Pour certaines familles – dont le nombre va croissant -, le maître de la classe est une sorte de coach, auquel on s’adresse, comme à son diététicien, selon ses besoins et auquel on fait part de ses desiderata. Autrement dit, on a de moins en moins affaire à des usagers du service public et de plus en plus à des clients. Certains élèves, clairement, vont à l’école comme ils vont au restaurant… et ont des exigences de client : « On veut plus de frites (plus d’EPS) ! », « On ne veut pas de salsifis (d’exercices de Bled) ! », etc. Dans cette optique, évidemment, la question des (mauvaises) notes ne se pose même pas. Est-on noté au restaurant ?!! C’est au client de noter le restaurateur, et non l’inverse ! Certains opportunistes de mes collègues l’ont d’ailleurs bien compris, qui s’adressent à leur aimable « parentèle » comme le commerçant à son « aimable clientèle »… Cette évolution est-elle réversible ? J’aimerais y croire… mais, surtout, j’enrage de voir que de beaux esprits, prétendument « progressistes », y ont largement contribué.
Merci pour ce bel article Gaëlle qui fait tant s’agiter les claviers. Je lis que certains contestent la baisse du niveau en orthographe. En tant qu’enseignante, en tant que mère, je ne peux que la déplorer. Elle baisse aussi dans l’étude de la langue. Allez demander à un élève de CM2 où est le verbe dans la phrase devient un acte courageux ou parfois même démoralisant.
Oui, moi aussi je suis une vieille qui a usé mes fonds de culotte devant le bled. Je suis aussi une « jeune » enseignante qui voit très ou même trop souvent des fautes d’orthographe très nombreuses dans les écrits de mes jeunes collègues. (Je ne dis pas que je ne peux pas en faire mais je me relie sans cesse). Mes jeunes collègues n’ont pas suivi la même école et cela se voit.
Donnons des bases solides en français et en maths à nos élèves dès le CP, enseignons la compréhension de la langue, donnons leurs des méthodes sûres et de quoi se défendre pour affronter le collège. Arrêtons de rajouter des enseignements qui peuvent venir des parents (hygiène, sécurité, politesse, morale ….).
@Babsgirl : merci pour ton commentaire en tant que mère et enseignante ! je souhaite exactement les mêmes choses que toi : que les enseignements se recentrent sur les maths et le français en primaire, que l’on ré-augmente le nombre d’heures de cours dans ces matières. C’est évident qu’actuellement, il est impossible pour un instituteur de faire assimiler durablement les règles de grammaire et d’orthographe. Egalement d’accord avec toi pour que les apprentissages annexes (sécurité routière, hygiène, etc.) disparaissent.
En gros, un peu plus de bon sens et de rigueur…
@Adélaïde : je me suis amusée à faire la dictée que vous avez mise en ligne à ma fille qui est en 5ème (une seule faute, ouf !). En revanche, je suis sûre de ne pas avoir ce résultat si je tente la même chose avec les deux plus jeunes qui sont en primaire…Pourtant, elle n’est pas si compliquée que cela.
@Vinteuil : merci également pour votre témoignage, une fois encore, bien inquiétant. Comment stopper ces évolutions, ces comportements « consuméristes » ? Je pense comme Loys Bonod et comme vous que le système de l’enfant au centre de l’école a atteint ses limites. Et je remercie les professeurs qui savent être exigeants avec mes enfants. Je sais que ce sont ceux qui ont agi ainsi avec moi qui m’ont laissé les meilleurs souvenirs…
@ Jacqueline : merci pour votre commentaire. Nous ne pouvons malheureusement pas prendre d’assaut le ministère mais nous pouvons alerter et résister, ne nous en privons pas ! Cela fait du bien de savoir qu’en réalité, nous sommes nombreux à être sensibles à la qualité de l’enseignement et vigilants sur ce qu’il se passe.
Finalement, j’ai donné à mon jeune élève de troisième la dictée du brevet 2011.
Voici ce que j’ai obtenu. Dramatique!
Brevet 2011 Dictée
Je dois vous dire aussi que j’ai contracté, en captivité une dette envers les éléphants dont j’essaie seulement de m’acquitter. C’est un camarade qui avait eu cette idée, après quelques jours de cachot – un mètre dix sur un mètre cinquante – alors qu’il sentait que les murs allaient l’étouffer, il s’était mis à penser aux troupeaux d’éléphants en liberté – et, chaque matin les Allemands le trouvaient en pleine forme, en train de rigoler : il était devenu increvable.
Romain Gary, Les Racines du ciel
Jonathan
Je dois vous dire aussi que j’ai contracté, en captivité, une dette envers les éléphants dont j’essaie seulement de m’aquitter. C’est un camarade qui avait eut cette idé, après quelque jour de cachot – un mètre dix sur un mètre cinquante – alors qu’ils sentaient que les murs allait l’éttoufait, il s’était mise a pensait au troupeaux d’éléphant en liberté – et, chaque matin, les allemands le trouvait en pleine forme, en train de rigoler : il était devenu increvable.
(A signaler que le correcteur d’orthographe ne signale que Quatre fautes !!!)
J’y reviendrai.
Je me permets de copier le commentaire de Gallinus qui contribue à poursuivre le débat et posté sous mon billet Interrogations d’une mère de famille par rapport à l’école :
Madame
Que ce soit votre ressenti ou celui de Mr Loys Bonod, assez justifie sur le forme, mais moins sur le fond, il conviendrait sans doute d’apporter des elements un peu plus eprturbateurs a cette pure lecture des faits fondes sutr l’experience personelle:
– non les exercices de Bled, dit exercices ä trous, ne forment pas a la langue francaise. Tout juste forment-ils a la manipulation de certains graphemes dans des phrases sorties de leur contexte et donc non transferables
– oui les petits francais aiment lire, mais ils deviennent paresseux sur la comprehsnion et la production ecrite. Et puis faire tenir des activites de production ecite ou de conmprehension avant le CM2 dans un horaire tressurveille, est devenu plu^tôt risque profesionnellement. Faites le donc dans une classe de 32 avec 3 ou 4 agités pour voir…..
– non, les methodes d’apprentissage dogmatiques du francais concues par des universitaires pétris de certitudes, et dont le seul referentiel de competence repose sur leur propre vecu (entre 1946 et 1962, ou ils étaient ä l’école primaire) ne conduira jamais a l’amelioration des scores PISA.
– les notes ne font plaisir qu’aux bons élèves, aux parents et aux educateurs. La preuve, des cancres comme Michel Drucker, Gainsbourg, Einstein ou Beregovoy ont bien reussi dans la vie….
– oui les effets cumulatifs des exces de stress economique, de tv et de jeux video, d’acculturation linguistique, et de competition engendrent des troubles de l’apprentissage.
Si les ecoliers performent moins en lecture (comprehension et expression) ils sont cependantbons dans les autres domaines et surpassent les performances des mêmes élèves de 1970. Donc de leurs parents….
Je ne partage pas le point de vue exprimé par Gallinus dans le précédent message.
Les exercices systématiques, Bled ou autres ? Ils sont, selon moi, indispensables. C’est l’équivalent, pour l’écolier, des gammes du pianiste. Il y a beaucoup d’enseignants qui font le choix d’en dispenser leurs élèves, à tort car c’est, à mon sens, au détriment de ces derniers (et notamment des plus faibles).
La notation ? Elle aussi est indispensable. C’est le bistouri de l’enseignant. Elle lui permet d’agir, de modifier le cours des choses, d’influer sur le comportement de ses élèves et même, dans une certaine mesure, de bousculer certains déterminismes sociaux. Cela dit, la notation, comme le bistouri, est un outil qu’il faut manier avec doigté. Mettre des tombereaux de 0 n’a jamais servi à rien, et surtout pas à mobiliser les élèves les plus faibles. Il faut donc apprendre à noter. Cela pourrait faire partie de la formation, au même titre, par exemple, que la gestion de classe !