Nouveau mot pour le dictionnaire collaboratif de la conciliation vie privée / vie professionnelle grâce à E-Zabel. Un grand merci à elle ! (vous pouvez également retrouver son interview sur En Aparté)
T Temps partiel
Oh le beau mirage !
Le temps partiel, pour une toute jeune maman, c’est la solution idéale, car ce n’est pas si simple de reprendre une activité professionnelle après la naissance d’un enfant.
On a changé. Oui on a des kilos en plus, mais bon. On a changé dans nos têtes, dans notre cœur. Les plus téméraires et les plus carriéristes d’entre nous, parfois, tombent même de haut. Elles ont du mal à retrouver leur entrain «d’avant », leur motivation. Les réunions tardives et à rallonge, les mails à envoyer à 20h12 pour faire bien – même si tu as joué au solitaire ou zoner sur facebook en attendant, les réflexions de la hiérarchie ou même, hélas, des collègues devant notre départ à 18h30 « tu as pris ton après-midi ? ».. tout ça, ça va bien
Alors, l’attrait du temps partiel devient de plus en plus fort. Surtout que la CAF propose un complément de libre choix d’activité, qui vient compenser pendant quelques mois en tout cas, la baisse de salaire.
Le temps partiel est ainsi extrêmement courant chez les jeunes mamans. Souvent c’est la formule 80% qui est préférée. Certaines entreprises rémunérant même ce taux à hauteur d’un 85% !
Génial non ? Avoir son mercredi !! Le passer avec son petit bébé. Hiiiiiiiiiiiiii que c’est tentant !!! Moins de stress, une coupure dans la semaine, le bonheur d’être avec son enfant…
Merveilleux. Non vraiment.
Sauf que.
Au bureau, cela a beau être indiqué sur ta fiche de paie (80%), ton chef, lui, il est persuadé que tu es toujours à 100%, donc à 115 %. La routine quoi. Il peste tous les mardis soir quand il se rend compte – chaque semaine – que tu ne seras pas là le lendemain. Pas grave : tu finiras plus tard jeudi (et vendredi).
Toi, jeune maman fragile, tu culpabilises évidemment (patte nouille va) de mettre ton service, tes collègues dans l’embarras avec ton temps partiel (LOL), du coup, oui, tu fais des heures sup’ (non rémunérées) le soir. Tu rentres crevée, tu paies double la nounou ou offre des fleurs à la Directrice de la crèche pour te faire pardonner de ton retard quotidien. Et une fois bébé couché, tu te replonges dans des dossiers.
Arrive le mercredi.
Parfait ! Tu as du temps… pour … faire les courses, le ménage, emmener le p’tit chez le pédiatre, récupérer les médicaments, te dire que tu pourrais acheter des actions des laboratoires pharmaceutiques, mais aussi inviter ton pharmacien à prendre le thé, vu la relation intime que vous mettez en place depuis la naissance du bébé. Accessoirement, tu tenteras de prendre rendez-vous pour une coupe de cheveux. Mais tu annuleras, car belle-maman ne peut pas garder chouchou aujourd’hui. Tant pis. De toute façon, l’Homme ne remarque pas grand-chose à son retour du travail le soir… il est exténué, tu comprends : il a bossé LUI.
Hé hé! C’est si vrai! Est-on nouilles, nous les femmes de se laisser culpabiliser comme ça au boulot?
Et c’est drôle, comme mentalité chez nous :
au Québec, si on fait des heures sup, c’est qu’on n’est pas compétent, donc…ça n’est pas bien vu, surtout si on a des enfants, car ça n’est pas bien vu non plus de les récupérer tard.
Qu’est-ce qu’on pourrait faire, nous les mamans, pour faire évoluer les mentalités ici???
Selma
Responsable d’une équipe d’une dizaine de personnes, chef de projet, et à 80%, je réfléchissais justement aujourd’hui, pendant que je repeignais mes volets (oui, mon jour libéré à moi, c’est le mardi, pas le mercredi), aux avantages que présente un manager à temps partiel.
Tout d’abord, le manager à temps partiel sait déléguer : sinon, pas possible d’être en dehors de l’entreprise pendant le reste de l’équipe bosse. Déléguer, ça veut dire faire confiance, et aussi laisser suffisamment d’instructions claires pour être certain que l’équipe pourra bosser.
Le manager à temps partiel n’est pas un control freak qui ne laisse aucune marge de manœuvre à ses équipes.
Le manager à temps partiel sait s’organiser pour libérer son jour à lui, il ne vient pas enquiquiner son équipe avec des trucs de dernière minute.
Le manager à temps partiel sait encourager l’initiative dans son équipe, ne serait-ce que parce s’il y a un problème le jour où il n’y est pas, il n’est pas dispo dans la seconde pour répondre à un réflexe d’escalade.
Bref, tout ça pour dire qu’un temps partiel ça peut aussi être vraiment bien pour tout le monde, entreprise, salarié, collègues, employés… et pas forcément une plaie. Mais c’est plus facile dans un environnement international où la déformation française (passer des heures au boulot, rester tard le soir) n’est pas l’unique modèle.
Lola SurLaToile
Je suis restée pendant 15 ans à 80% avec mon mercredi à la maison. J’ai opté pour cette solution à la naissance de mon 3ème enfant. J’ai trouvé ça très bien. Au début, c’est un peu perturbant pour l’organisation, il faut un petit temps d’adaptation, pour soi comme pour les collègues, mais à moins de tomber sur une ambiance excessivement présentéiste, ça se passe bien.
Il y a 17 ans, j’étais la seule du service à être à 80%, la première à oser. Mais j’ai fait des émules au fil des ans. Même un homme. Voila, tout le monde s’est habitué.
C’est sûr, il faut savoir déléguer (même si on n’est pas manager), il faut assumer les remarques du début (franchement, si on fait son taf, ça ne dure pas). Il faut accepter que ça nous empêchera ptet d’obtenir certains postes (et encore, j’ai eu une chef à 80% aussi).
Mais en échange : pas une journée de repos, non, bien sûr (il faut être naïve pour le croire si on est maman). Mais une journée qui permet de caser ce qui peut être un vrai casse-tête autrement (les RV médicaux, la banque, la poste, tout ça en heures creuses, le bonheur), de s’occuper des trucs pénibles qui nous permettront les 4 autres soirs de la semaine d’être bien plus zen, d’accompagner les enfants à des activités, d’éviter le centre de loisirs (avec grasse mat quand même, du coup)… et puis ça fait une coupure du boulot, et ça c’est magique pour diminuer le stress, au lieu de monter en puissance pendant 5 jours !
Oelita