Je suis avec beaucoup de plaisir les aventures de Carole sur son blog Une vie de brune – Mes petits boulots, depuis plusieurs années. J’aime sa plume, sa façon de partager avec nous ses anecdotes, les petites et grandes choses de la vie. Il y a quelques mois, elle a traversé l’océan pour aller s’installer à Montréal. J’ai eu envie d’en savoir plus sur cette nouvelle aventure, son parcours professionnel, sa vision du monde du travail, etc. Un grand merci à elle pour avoir répondu à toutes mes questions (car je pose toujours beaucoup de questions !). Très bonne continuation !
Nous avons suivi tes aventures à Toulouse pendant quelques années grâce à ton blog. Puis tu es partie t’installer au Canada il y a quelques mois. Peux-tu nous dire ce qui a déclenché cette lointaine mobilité ?
J’ai vécu à Barcelone 3 ans et je suis venue à Toulouse « temporairement » rejoindre mon copain en attendant que l’on parte ensemble. Le temporaire a duré finalement 4 ans le temps pour lui de sauter le pas et d’accepter de partir. On a alors fait un compromis en déménageant sur Montréal qui était comme un rêve de gosse pour lui.
Peux-tu nous raconter un peu ta vie là-bas. Qu’est-ce qui t’a le plus surprise ? Les plus et les moins ?
La vie à Montréal est incroyablement douce. Quand ma famille et mes amis me demandent « alors, raconte-nous » je réponds toujours « je vois des arbres à travers toutes mes fenêtres, j’entends les oiseaux chanter, toutes les saisons sont vraiment belles et différentes, tu fais 1 heure de voiture et tu as l’impression d’être sur une page du magazine GÉO. » Je trouve que la région est magnifique, et je fais des choses que je n’ai jamais faites avant comme être seule au milieu d’un des multiples lacs du Québec sur un canoë, faire des sorties en raquette dans des paysages magnifiques… La seule difficulté a été de trouver un travail. J’ai mis 7 mois à décrocher un poste épanouissant, mais cela a été dur de postuler à des offres d’emploi parfois bien en dessous de mes exigences et de ne pas être rappelée.
Comment as-tu trouvé un travail ? Quels moyens as-tu utilisés ? Quelles difficultés as-tu rencontrées ? à quoi étais-tu la moins bien préparée ?
J’ai essayé le réseautage, la candidature spontanée, la candidature alambiquée, les coups de téléphone, les salons pour emploi et j’ai finalement trouvé mon boulot via une petite annonce sur internet. J’ai dû adapter mon cv au marché québécois, je m’y suis mal prise ce qui fait que j’ai perdu du temps. La difficulté principale que j’ai rencontrée et à laquelle je n’étais pas préparée est le fait que toutes les offres exigent en gras dans le texte d’être parfaitement bilingue anglais-français. Je me bloquais toute seule en ne postulant pas à de nombreuses offres. Puis un jour j’ai mis un « anglais fonctionnel » passe-partout sur le CV en me disant qu’on verrait bien. Cela m’a permis de passer 2 entretiens et de me planter complètement à l’oral, mais j’ai pu séduire l’employeur avec d’autres qualités et être embauchée.
En termes d’ambiance de travail, de management, de conciliation vie privée / vie pro, trouves-tu qu’il existe des différences avec la France ?
J’ai été très étonnée d’apprendre que le congé maternité pour les femmes durait 14 mois. C’est d’ailleurs ce qui m’a permis de trouver ce travail. Je trouve formidable qu’une mère puisse élever son enfant la première année, et ce, dès le premier enfant. J’ai aussi beaucoup apprécié que sur le CV on ne mentionne pas la nationalité, ni l’âge, ni le statut marital. Un employeur n’a également pas le droit de demander à une femme si elle compte avoir des enfants tôt ou tard.
De façon plus globale, que représente pour toi la vie professionnelle ? Quelles valeurs associes-tu au travail ? Quelles sont tes ambitions par rapport à cette sphère de ta vie ?
Je dirais que jusqu’à l’âge de 23 ans la vie professionnelle ne représentait pour moi qu’une manière de me payer mes sorties, mes loisirs et mon loyer dans cet ordre. C’est pour cela que j’ai enchainé une vingtaine de petits boulots depuis l’âge de 16 ans. Puis à partir de 23 ans, j’ai eu envie de trouver ma voie, d’être fière de mon travail voire même de m’y épanouir. C’est alors devenu mon objectif numéro un. J’y suis enfin arrivée et l’idée de repartir en arrière me fait peur, c’est ce que j’ai compris en ne trouvant pas de boulot tout de suite à Montréal. J’ai découvert que j’avais de l’ambition, celle d’être fière de ce que je fais. Cela peut être en faisant de multiples jobs, petits ou grands, mais la fierté est essentielle.
Tu as connu les petits boulots, les boulots plus stables, les nombreuses difficultés pour retrouver un emploi, etc. Que retires-tu de toutes ces expériences ? Sur les rapports entre employeurs et salariés en France ? Sur la recherche d’emploi en général ? A ton avis, comment pourrait-on améliorer l’accompagnement des personnes en recherche d’emploi ? Crois-tu que les réseaux sociaux sont un bon moyen de trouver du travail ?
Je dirais que mes nombreuses expériences m’ont offert une immense capacité d’adaptation. J’ai été managée de 1000 façons, j’ai vu des choses inadmissibles, j’ai beaucoup appris de mes nombreux collègues. Aujourd’hui je suis très critique envers le management des supérieurs, ayant envie de prendre le meilleur de chacun des patrons que j’ai connu pour faire le patron idéal. Mais j’ai mis de l’eau dans mon vin aussi, car en grandissant on a des amis qui deviennent patrons, et qui doivent gérer des employés… et ce n’est pas si facile.
En ce qui concerne la recherche d’emploi, je ne crois qu’en l’individu. Je viens d’un milieu ouvrier et j’ai déménagé plusieurs fois donc je ne connais pas le piston, juste l’acharnement pour me constituer un réseau et petit à petit faire son trou. Je ne crois pas dans les organismes ni dans les agences d’intérim ni dans les salons pour l’emploi. Rien de tout ça ne m’a jamais aidée. Je trouve que les organismes tels que Pole emploi devrait être plus encourageants, car honnêtement quand on sort de chez là on a plus envie de sauter sous un bus qu’autre chose. Je trouve que chaque demandeur d’emploi devrait être encadré par un psychologue du travail réellement au courant du marché du travail. Cela pourrait être sous forme de classe obligatoire une fois ou deux par semaine où il y aurait un véritable suivi. Je trouve que l’accompagnement devrait aussi se faire par des activités de réseautage pour faire sortir les demandeurs d’emploi de la solitude.
Un demandeur d’emploi doit être compris et encouragé par une équipe compétente pour éviter de se retrouver isolé.
Actuellement, en terme de conciliation vie privée / vie pro es-tu plutôt satisfaite ou plutôt insatisfaite ? Pourquoi ?
J’ai enfin un travail où tout le monde est dehors à 17 h, où j’ai mes week-ends donc je suis plutôt très satisfaite. Mais en règle générale, à part lorsque je travaillais de 16h à 23h j’ai toujours su tirer profit de mon emploi du temps.
Quels sont tes projets pro et perso d’ici quelques années ?
J’ai commencé à m’investir dans le bénévolat, je participe activement dans un refuge pour animal que ce soit dans le bon fonctionnement du refuge que dans sa communication et je compte bien développer cela dans les années à venir en m’impliquant de plus en plus dans les causes qui me tiennent à cœur.
Un dernier petit mot….
Je voudrais dire que tout est possible, si l’on a envie de partir vivre à l’étranger de changer de carrière, il faut le faire. C’est difficile, mais si on se donne les moyens on y arrive !
Merci Gaëlle et Carole pour cette belle interview ! C’est très riche et toujours très intéressant de prendre connaissance de ce type d’expérience (vivre et travailler au Canada).
Il fait apparemment bon vivre là bas 🙂
Karen
Canada , oh Canada le pays de rêve, ou l’harmonie de la nature règne. Les conseils de Carole sont vraiment très utile , merci d’apporter un interview riche en détails , trouver un emploi à Canada est certes difficile pour un expatrier même si les emplois ne manque pas.
jobskebek