Aujourd’hui, c’est au tour de Sylvie de répondre à mes questions autour du thème conciliation vie privée / vie professionnelle. Un grand merci à elle !
Peux-tu rappeler en quelques lignes ton parcours ?
Sylvie : J’ai commencé à travailler à 19 ans au sein d’une TPE en région parisienne. J’étais assistante de la responsable et je faisais de la comptabilité. C’est durant cet emploi que j’ai eu pour la première fois une approche de la mise en page professionnelle au service de la communication d’entreprise. À 21 ans, j’ai suivi mon mari pourcréer sur Montpellier une activité de nettoyage de véhicule en parking souterrain. Échec total. Et là commencent les difficultés. Il a été très difficile pour moi de trouver du travail avec seulement un bac pro en poche et un projet professionnel mal défini. Le parcours des formations va commencer pour moi : commercial de terrain. Encore une erreur d’orientation de ma part ! Bref durant ces années j’étais perdue, et j’ai privilégié ma vie de famille, à savoir que j’ai accompagné mon mari dans la réalisation de son activité de commerçant et artisan.
En parallèle, je faisais également de la recherche de partenaires financiers pour mon frère qui était tout jeune pilote en monoplace. À 25 ans, un déclic ! Mes supports visuels pour présenter la carrière sportive de mon frangin m’amènent en formation d’opérateur PAO d’entreprise. Une révélation pour moi ! Le hic, ce fut encore et toujours ce problème de se vendre auprès d’un employeur potentiel, et là disons que j’ai encore manqué d’assurance, de chance, de contacts et surtout du bon diplôme. Bref, ma vie perso revient au grand galop et à 28 ans je donne naissance à mon premier enfant. Impossibilité pour moi d’allier le perso et le pro !
Je ne vais pas entrer dans les détails mais ma carrière professionnelle ne se développera là. Ce sont des années difficiles financièrement qui s’empilent certes avec le bonheur d’élever mon enfant mais aussi avec une sensation d’échec professionnel. 2004, année noire, j’accompagne ma maman à partir à jamais, elle n’avait que 53 ans…
À 33 ans, je suis décidée à ne rien abandonner, et j’actualise mes connaissances en tant que maquettiste pao. Une réussite ! De très bonnes appréciations de professionnels, un très bon stage en imprimerie… Et toujours pas d’embauche ! À cette époque, mon mari change d’orientation d’activité et je mets mes compétences professionnelles à son service. Puis à 35 ans c’est la naissance de mon deuxième enfant… Le bonheur d’être maman sans le bonheur d’avoir une situation professionnelle en cours.
2010, l’année de mes 39 étés, je me décide à travailler pour moi-même, et je démarre lentement mais sûrement. C’est en parti grâce au nouveau statut d’auto-entrepreneur que j’ai franchi ce cap. Je peux ainsi régler mes charges sociales obligatoires sur mes encaissements, ce qui fait que le démarrage de l’activité n’est pas un stress financier. Mes enfants poussent, et moi je suis partie pour enfin m’occuper de ma vie professionnelle…
Concernant la conciliation vie privée /vie professionnelle, en es-tu actuellement satisfaite ou non ? As-tu eu le sentiment au cours de ta vie d’avoir effectué des concessions dans un sens ou dans un autre ? Si oui, les regrettes-tu ? Ou au contraire, regrettes-tu de ne pas en avoir fait certaines ?
Je pense qu’au delà des concessions nous sommes toutes plus ou moins portées par les aléas de la vie. J’ai la chance d’avoir eu un compagnon de vie à mes côtés. Seule, se serait une autre histoire. Et puis nous portons ce que nous sommes, et je crois que cela nous mène aux choix que nous faisons de façons consciente ou non. Donc je dirai satisfaite de toute façon.
Tu t’es donc mise à ton compte. En quoi cela facilite-t-il cette conciliation ? Ou au contraire, la rend plus difficile ?
Ce choix imposé par l’évolution du marché de l’emploi dans mon secteur professionnel ne facilitera pas cette conciliation car les avantages sont rattrapés par l’inconvénient de l’isolement, et de la présence à la maison 24h/24 !
Que représente pour toi ton métier ? Quelles valeurs associes-tu au travail ?
Mon métier, c’est ce que je sais le mieux faire de façon à pouvoir rendre service à un acteur économique qui a le potentiel de me rémunérer en contrepartie. J’y associe une valeur de professionnalisme, d’autonomie financière, de passion et de réussite sociale.
Est-ce un sujet dont vous parlez de temps en temps ou régulièrement en couple ? Cela donne-t-il lieu à des ajustements, des choix ?
Mon mari m’a toujours soutenu dans mes échecs… J’espère qu’il en sera de même lors de mes réussites (!) Je suis tout à fait d’accord également sur les propos tenus par Anna (38 ans) : « Le couple est pour moi une troisième entité séparée : travail/enfant/couple ».
Par rapport à tes enfants, sur quels points es-tu vigilante, attentive ? Comment et où places-tu le curseur entre responsabilités parentales et professionnelles ?
Ce sont deux parallèles dans la vie auxquelles nous ne donnons pas les mêmes priorités selon ce que nous sommes… Pour ma part, le curseur est en harmonie, je l’ajuste au fur et à mesure que mes enfants grandissent.
Comment et où te projettes-tu dans quelques années?
J’aimerais partager un open-space, ou une plate-forme commune avec des créatifs, des professionnels de mon secteurs d’activité pour se compléter, se motiver, partager, et développer ainsi un concept d’éco-professionnalisme… Une équipe qui gagne !
Concernant la conciliation vie privée / vie pro, qu’est-ce que tu aimerais voir bouger, évoluer ? Selon toi, quelles sont les principales pistes raisonnables à promouvoir ? Quelles réflexions mener à titre personnel ?
La troisième question est pour moi celle sur laquelle il faut se forcer à répondre à plusieurs moments de sa vie. Encore une fois, chaque parcours est unique. Nous sommes là dans un réel sujet de sociologie, la société évolue, et concilier demeure possible et/ou pas possible selon chacun.
As-tu des petits trucs à toi auxquels tu es attachée pour mieux vivre cette articulation ?
Oui, les années durant lesquelles nos enfants ont exclusivement besoin de nous sont des années qui défilent très vite. Arrive rapidement le temps où ils deviennent autonomes et alors nos vies viennent à nouveau à s’articuler de façon différente. C’est ce que je me dis : zen après tout !
Son site professionnel : http://mizenpage.wordpress.com/
Merci Gaëlle ! J’adhère complètement à ta démarche, tu a mis le doigt sur un important sujet de société. Bravo à toi.
sylvie
Tant mieux si le statut d’auto-entrepreneur t’a permis de démarrer ton activité. Si tu souhaites plus d’interactions avec d’autres professionnels, étudie l’opportunité d’entrer dans une scop. Je
crois qu’il en existe dans ton domaine d’activité. Personnellement, je suis dans une CAE (Coopérative d’Activités et d’Emploi), c’est une formule multi-activités : je croise des informaticiens,
des graphistes, des correcteurs, des prof de couture, des stylistes, des consultants, des coachs, des formateurs, etc. Avec certains, j’ai des projets en cours à côté de mon activité
individuelle. C’est très enrichissant. Il y en a partout en France. La mienne fait partie du réseau Coopérer pour entreprendre. Peut-être que ça répondrait à ton besoin…
Céline
Merci Céline !
sylvie
@ Céline : merci pour ton témoignage, je ne connaissais pas les CAE et cela me donne bien envie d’en savoir plus. Serais-tu partante pour une petite
interview ? Je t’envoie un petit mail…
Gaëlle