Les couples dits TGV1 ou les « célibataires géographiques » sont les couples qui vivent à distance durant la semaine, pour une raison professionnelle, pendant une durée plus ou moins longue (généralement quelques années, parfois beaucoup plus) et qui se retrouvent les week-end. Ils seraient 16% selon une étude de l’INED. Il s’agit donc d’une situation spéciale mais pas exceptionnelle non plus. Il est important de noter que cette situation peut être librement choisie ou au contraire, imposée ou subie. Le plus souvent, c’est la femme qui reste, avec les enfants lorsqu’il y en a, et l’homme qui part travailler dans une autre ville ou un autre pays.
Les raisons de cet éloignement géographique peuvent être multiples : la carrière du conjoint, la scolarité (ou la santé) des enfants, la rapidité de la mutation ou sa brieveté, la difficulté de trouver un logement (ou son coût), la volonté de conserver ce que l’on considère comme une meilleure qualité de vie ou encore des problèmes d’insécurité (dans le cas d’expatriation dans des pays dits à risque).
Il faut également noter que de plus en plus d’entreprises développent le « commuting » plutôt que l’expatriation pour des raisons de coût. Dans ce cas de figure, le salarié travaille toute la semaine dans un pays proche de la France (Grande- Bretagne, Belgique, pays du Maghreb…) et rentre chez lui les week-ends ou pendant les vacances.
Selon différents témoignages que j’ai pu recueillir ou lire (cf. liens à la fin de l’article), les qualités requises pour bien vivre cette situation sont : une grande autonomie, une solide organisation, un goût certain pour l’indépendance. Pour la personne qui reste, il ne faut ne pas craindre d’assurer en très grande partie l’intendance et les petits et grands soucis des enfants. Une bonne dose de confiance et beaucoup de communication (rendue plus aisée grâce aux moyens modernes) sont également nécessaires.
Ces couples TGV tiennent-ils la distance ? Selon certains, cet éloignement permettrait de casser la routine et d’éviter l’usure du quotidien, de rendre les enfants plus rapidement autonomes et responsables . Pour d’autres, cela ne serait pas sans risque ni danger. Selon une information trouvée dans le magazine Pélerin, 12% de ces couples se sépareraient mais je n’ai trouvé nulle part de statistiques. D’autre part, selon une étude menée par le Cercle Magellan, les expatriés qui partiraient sans leur famille s’intégreraient plus difficilement et ressentiraient davantage un sentiment d’isolement, ce qui parfois les amènent à rentrer plus tôt que prévu.
Enfin, il est intéressant de s’interroger, comme le fait un article de la revue Cairn sur ce que peut signifier ce phénomène. Révèle-t-il seulement « une empreinte grandissante des impératifs professionnels dans la sphère intime » ou inaugure-t-il également « une nouvelle manière de vivre à deux ». Pour l’auteur, il serait à la fois lié aux impératifs de mobilité professionnelle mais également au désir de plus en plus fort d’affirmation de soi.
1 Ils sont à différencier des « turbo-cadres », ces cadres qui habitent Tours, Le Mans ou Reims et qui se rendent à Paris en TGV pour travailler.
Témoignages, avis et conseils (réactualisés en février 2013) :
– Elle travaille dans le Nord, lui dans le Sud
– Un couple, deux carrières
– Un livre : « Les intermittents du foyer« , Couples et mobilité professionnelle, Isabelle Bertaux-Wiame et Pierre Tripier, L’Harmattan, 2006 (lire l’introduction)
– La vie duraille des couples TGV
– Célibataires géographiques : un statut-piège ?
Vos avis, réactions et expériences sont comme toujours les bienvenus !
Edit du 5 février 2013 : le journal La Croix a consacré un dossier à ce sujet : « Quand le travail sépare les couples » avec des témoignages et un entretien de Sandrine Meyfret (qui a réalisé une étude sur les couples à double carrière).
J’avais brièvement réfléchi à cette notion il y a 4 ans, quand mon mari s’est vu proposer une mutation à Genève, alors que nous habitions en région parisienne. Et j’avais tout de suite décidé de ne pas l’envisager :o). Au départ, nous devions donc rester, mais finalement sa boîte m’a proposé un poste… ça a fait pencher la balance du côté helvétique !
J’avais alors demandé à mon homme de faire en sorte de ne jamais nous retrouver dans cette situation. Je sais que j’aurais beaucoup de ressentiment si je devais m’occuper seule de notre enfant (ou futurs plusieurs enfants) la semaine, en terme d’impact sur ma carrière professionnelle et aussi en terme de charge à la maison et de manque de loisirs et d’indépendance associés ! J’aurais aussi du mal à concevoir mon couple de façon « intermittente ».
Maintenant, j’imagine que parfois, on n’a pas forcément le choix… Disons que nous ferons tout pour conserver la liberté de choisir !
Anne-So
Je n’ai pas encore d’expérience de cette situation, mais le sujet m’intéresse car je risque bien d’y être confrontée: après l’avoir suivi en province puis sur le point de le suivre aux Pays-Bas, je l’ai prévenu qu’à terme je pensais m’installer durablement à Lyon (notre ville d’origine) et que s’il voulait continuer de changer de poste tous les 3 ans ce serait sans doute sans moi lol! Pour ma part, cela ne me fait pas trop peur (je suis indépendante de nature), c’est plutôt lui qui flippe de se retrouver séparé de la famille: à voir si cela l’incitera à se stabiliser au niveau pro ou si la peur de s’ennuyer dans son boulot sera plus forte!
Sandrine
Merci pour ces deux témoignages très différents qui montrent bien que la question de la mobilité est loin d’être anodine pour un couple. @ Sandrine : je peux tout à fait comprendre que la grande mobilité de ton mari te fasse envisager dans un avenir plus ou moins proche cette solution, même s’il me semble fondamental de bien en apprécier toutes les conséquences et tous les éventuels « dangers »…. personnellement, je suis plutôt comme Anne-So. Et pourtant côté mobilité, j’en connais un rayon (que dis-je des rayons )
Bien sûr, je n’oublie pas les situations fortement imposées…
Gaëlle
Nous au nord de Paris, lui travaille au sud de cette même grande ville. alors pour éviter de vivre 4 heures par jour dans sa voiture, il part à 6h et rentre vers 21h, quand il n’est pas en déplacement … Alors sommes nous vraiment un couple TGV ? Non, parce qu’il rentre tous les soirs ou presque, oui parce qu’à cette heure là, les petits monstres sont au lit et que leur manman a plutôt envie de faire des choses rien que pour elle. Heureusement que nous avons de bons moyens mmodernes de communication, téléphone, mail, qui nous permettent de communiquer dès que nous avons un moment de libre dans la journée, il sait tout ou presque sur les enfants. Au début c’était un peu dur de tout gérer, puis tout le monde a trouvé sa place. on cherche à se rapprocher un peu de son boulot, mais on a une belle qualité de vie, des amis, où nous sommes, de quoi passer de très bons weekend …
Babsgirl
Bonjour,
j’ai lu avec intérêt tous les articles se rapportant à la façon de concilier harmonieusement vie privée et vie professionnelle.
A ce titre, nous avons mon épouse et moi-même pris la décision de ne plus sacrifier l’une à l’autre et avons créé un concept permettant aux femmes de s’épanouir professionnellement tout en conservant du temps libre pour leur foyer ou … elles-mêmes.
Ce concept est en phase d’être franchisé car il correspond vraiment à l’idéal de vie que nous cherchions depuis si longtemps …
En fait, nous avons tout simplement osé faire un choix qui pouvait paraitre insensé et qui s’est révélé être payant.
Mais je vous en dirai plus très prochainement.
Cordialement,
Christophe et Véronique
Christophe Revel
Bienvenue Christophe et merci pour votre intérêt à En aparté…bien évidemment, ma curiosité a été éveillée par votre billet …j’attends d’en savoir plus !
Gaëlle
Bonjour, je travaille sur les femmes qui travaillent loin de leur domicile pour le magazine Marie-France.
Je recherche des témoignages..
Merci de me contacter au 06 62 00 14 14
marois
Paris Province, la dure loi de la promotion dans la fonction publique d’Etat
Profil du candidat : en général vous avez entre 43 et 59 ans, vous avez dans la majorité fait le tour de France, vous avez oeuvré pour le bien public et « légitimement » vous aspirez à une promotion professionnelle au regard de vos engagements envers le service public (ou du moins ce qu’il en reste).
Le cadeau ! votre directeur fait un dossier dytirambique sur votre parcours professionnel, votre capacité à servir etc. et vous êtes noblement choisi par une commission adhoc qui vous propose….11 postes en France pour 8 candidats. Autant vous dire que les 3/4 refusent l’offre royale de sa majesté.
Choix cornélien : Vous allez passer quelques nuits d’insomnie à vous demander si vous quittez votre conjoint, votre tendre épouse, si vous restez sur place mais perdez toutes chances d’évolution professionnelle, si vous allez avoir un poste relativement correct (sachant que ceux qui sont proposés sont souvent des reliquats de reliquats).
Finalement l’attrait de la promotion l’emporte et c’est parti pour le grand voyage. 6 mois de « formation » sur lesquelles je n’épiloguerai point et dans la foulée go to le futur job. Et l’on dira que les agents de l’Etat sont des pantouflards !
Le reste est dans la même logique : le coût des trajets Paris province, du logement (car l’Etat ignore le célibat géographique), l’incertitude d’un retour at home, bref la joie pour 200€ de plus.
Alors, M. Sarkozy, travailler jusqu’à 62 ans est certes une nécessité, mais pensez-vous que c’est ainsi que les hommes qui vous servent doivent vivre ? évitez de séparer les familles car les jeunes cadres sont aussi touchés, attelez-vous sans tarder aux conditions de travail de vos agents, développez la mobilité inter-professionnelle et non géographique, et peut-être y aura-t’il moins de monde derrière les bannières !
bip-bip