Initiatives/Bonnes pratiques

Mobilité en région : la bonne idée de la Maison de l’Emploi à Bordeaux



Lors d’un précédent billet, je m’étais intéressée aux 200 000 franciliens qui s’installent chaque année en province, notamment pour y gagner en équilibre vie privée/vie professionnelle. J’avais également écrit un article pour femmes-emploi.fr intitulé « S’installer en province : comment faire les bons choix » dans lequel j’évoquais les difficultés pour un couple de bi-actifs de trouver tous les deux un emploi en région.
Pour faciliter la mobilité des cadres en facilitant celle de leur conjoint,
la Maison de l’Emploi à Bordeaux a mis au point fin 2007 un programme gratuit et innovant « Accès emploi conjoints« . Entretien avec Anne-Laure Cuq (en photo), chef de projet à la Maison de l’Emploi de Bordeaux et responsable de ce programme.

Comment est né ce programme ?
Anne-Laure Cuq : Créée en 2006, la Maison de l’Emploi (MDE) de Bordeaux est rattachée à la Ville. Ses trois principales missions sont : observer et anticiper les besoins du territoire ; établir le lien entre les entreprises et les personnes en recherche d’emploi et développer de nouvelles façons de travailler. Elle répond essentiellement aux demandes des entreprises. D’autre part, un Conseil des Entrepreneurs, constitué d’une vingtaine d’entreprises représentatives du tissu économique local, se réunit régulièrement pour évoquer leurs problématiques quotidiennes. Or, dès la première réunion, la question de l’emploi des conjoints est apparue. Certains candidats avaient refusé une proposition d’emploi, faute d’opportunités pour leur conjoint(e). C’est ainsi que la MDE a décidé de les accompagner.

En quoi consiste concrètement ce programme ?
Anne-Laure Cuq : Deux à trois fois par an, un groupe entre 8 et 12 personnes, essentiellement des femmes (mais il y a au moins un homme à chaque fois !) est accompagné par la MDE. Leur profil type : des femmes cadres, bac + 2 à bac +5, entre 30 et 40 ans, avec des enfants en bas âge, venant souvent de la région parisienne. L’accompagnement dure 3-4 mois, à raison d’une réunion par semaine.
Il débute par un panorama de l’économie locale dressé par le BRA (Agence de développement économique de Bordeaux-Gironde), ensuite un prestataire extérieur prend le relais. Un premier temps est consacré au diagnostic (ce que la personne a fait, ce qu’elle veut faire). Souvent, les femmes expriment une volonté de changer de secteur ou de métier. Ce déménagement peut être l’occasion de mener à bien cette évolution. Vient ensuite l’accompagnement à proprement dit. Il s’agit de vérifier que le projet est compatible avec le tissu économique local, de donner des pistes, de les aider se constituer un réseau local pour ne pas être seul dans leurs projets et accéder au « marché caché », etc. Chaque personne établit un mini-cv que la MDE fait circuler auprès de ses partenaires et des entreprises locales.
Mais force est de constater que l’accompagnement des conjoints ne constitue que rarement un vrai enjeu RH pour les entreprises. Ce n’est pas encore entré dans leurs pratiques. Etant donné la conjoncture actuelle, leur engagement risque d’être encore beaucoup plus variable…

Quel est le bilan de ce programme ?
Anne-Laure Cuq : Le premier point positif qui ressort des évaluations est l’appui du groupe, la notion de réseau et de partage. Les personnes soulignent l’importance d’être accompagnées pour structurer leurs démarches et ne pas foncer tête baissée.
Les résultats sont encourageants même si malheureusement, tous ne retrouvent pas un emploi. Concernant les femmes, on peut distinguer deux profils : celles qui retrouvent, assez rapidement, dans leur métier ou dans leur secteur d’activité et celles qui, pour différentes raisons, repartent avec des projets plus longs à faire aboutir (ex : passer un concours administratif, suivre une formation pour changer de métier, etc.). Viennent s’ajouter quelques profils plus isolés qui rencontrent des difficultés réelles (ex : communication, sociologie). Les principales opportunités pour les cadres à Bordeaux concernent les profils commerciaux, la gestion et certains profils RH.

Quels conseils pourriez-vous donner aux couples franciliens qui rêvent de s’installer en province ?
Anne-Laure Cuq :
Quand on est en Ile-de-France, la province est un vrai fantasme ! Je constate que si certaines femmes s’y sont préparées et ont mûri leur projet, d’autres arrivent presque « naïves » par rapport à  la réalité du marché. Or celui-ci ne ressemble pas du tout au marché francilien ! Les risques de désillusion sont élevés. Il faut donc bien se préparer, se renseigner avant de partir et ne pas
perdre de temps dès l’arrivée dans le nouveau lieu de vie. Il ne faut pas attendre 6 mois pour chercher un emploi car cela risque d’être mal perçu par le recruteur. Autre point important : que l’installation en province soit, si possible, un vrai projet de couple et pas un choix subi ou vécu comme un sacrifice pour l’un des deux
.

4 thoughts on “Mobilité en région : la bonne idée de la Maison de l’Emploi à Bordeaux

  1. Très bonne initiative effectivement…dommage que cela n’existe pas dans d’autres villes ! Lorsque nous sommes partis nous installer près de Tours, j’aurais bien aimé profiter d’une telle structure. J’ai moi-même mis plus de 6 mois à trouver un emploi, grâce au bouche à oreille d’ailleurs.
    Bravo pour ce blog que je viens de découvrir.

      

  2. Bienvenue Astrid ! Entièrement d’accord avec toi pour que ce dispositif se mutliplie dans les principales villes de province 🙂 Cela doit donner un bon coup de pouce et permettre de gagner du temps dans sa recherche d’emploi…pas toujours facile en province, je peux en témoigner !

      

  3. Le site gratuit SOS-MUTATION.com répond aux problème de la mutation grâce à ses services: dépôt et consultation d’annonces de permutation, dépôt et consultation d’annonces immobilières, dépôt de CV du conjoint, dépôt et consultation d’annonces d’assistantes maternelles, forum de discussion, devis de déménagement à tarif préférentiels. Qu’on se le dise!

      

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